Gareth Southgate a rhabillé d’un voile d’optimisme l’Angleterre pendant huit années passées près des sommets, mais la nouvelle glissade en finale de l’Euro-2024 le range du côté des sélectionneurs sans titre, une mauvaise habitude au pays du football.
Toujours bien placé, mais jamais sacré, l’Anglais de 53 ans n’est pas parvenu à marcher dans les pas d’Alf Ramsey, le patron des « Three Lions » qui a remporté la Coupe du monde 1966 à domicile.
Lui-même reconnaissait, avant d’affronter l’Espagne (2-1), que les progrès accomplis sous son règne ne vaudraient pas très cher en cas d’échec à Berlin, où les Anglais ont disputé — et perdu — la deuxième finale continentale de leur histoire, la deuxième d’affilée.
« Je pense vraiment que nous avons amélioré la crédibilité du football anglais, dans la façon dont il est perçu dans le monde », a-t-il expliqué vendredi devant la caméra de Sky News. « Mais en fin de compte, tant que ce trophée n’aura pas été gagné, il y aura toujours des questionnements, à la fois à l’étranger et au pays, sur ce que nous avons fait ».
L’Angleterre, berceau du football, devra encore patienter avant de remporter un deuxième titre. Les espoirs se reporteront vers la Coupe du monde 2026 et surtout l’Euro-2028 à la maison.
Avec ou sans Southgate ? C’est la question.
Le contrat du sélectionneur expire en décembre, la fédération semble favorable à sa prolongation, d’après la presse britannique, mais le principal intéressé a repoussé ces considérations à plus tard.
« Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour prendre une telle décision. Je dois parler aux bonnes personnes. Ce n’est pas pour tout de suite », a-t-il répondu dimanche au micro de ITV Sport.
– Sifflets et gobelets –
L’écume de l’échec, dimanche, n’emportera pas le bilan de Southgate, considéré comme l’un des meilleurs sélectionneurs de l’histoire en Angleterre, voire le meilleur tout court.
Il a su bâtir des fondations solides sur un champ de ruines quand la fédération lui a confié les clés, en 2016, au sortir d’un Euro raté sous Roy Hodgson et d’une éphémère succession manquée par Sam Allardyce.
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En quatre tournois, il a emmené les « Three Lions » jusqu’en quart de finale au Mondial-2022, en demi-finale au Mondial-2018 et en finale deux fois, dont la première à l’Euro en 2021 à Wembley, où une séance de tirs au but manquée lui a coûté le titre contre l’Italie.
En Allemagne, il a fallu dompter des attentes élevées comme jamais, à la tête d’un effectif comprenant le meilleur buteur de la Bundesliga (Harry Kane), le meilleur joueur de Premier League (Phil Foden), le dernier vainqueur de la Ligue des champions (Jude Bellingham), en plus de Bukayo Saka, Declan Rice, Kyle Walker, Kobbie Mainoo ou encore Cole Palmer.
Le chef d’orchestre a peiné à mettre en musique ce potentiel doré. Il a fallu un retourné acrobatique de Bellingham dans le temps additionnel contre la Slovaquie, un tir au but arrêté par Jordan Pickford face à la Suisse et une inspiration d’Ollie Watkins contre les Pays-Bas pour éviter toute fausse note avant la finale.
Southgate a été visé par des sifflets et même quelques gobelets, vides, lancés par des supporters anglais après le pauvre match nul contre la Slovénie (0-0) en clôture du premier tour. Des ex-gloires du football anglais, reconverties en commentateurs vedettes à la télévision, se sont jointes au concert des critiques, parfois de manière virulente.
« Quand vous faites quelque chose pour votre pays et que vous êtes fier d’être Anglais, c’est difficile de ne pas être aimé et de recevoir toutes les critiques. Pouvoir célébrer une deuxième finale est très, très spécial », avait-il relevé après la qualification.
Dimanche, son coaching a encore failli faire des miracles avec Cole Palmer, buteur trois minutes après son entrée pour égaliser (1-1, 73e), comme cela avait été le cas en demi-finale avec un autre « super-sub » (super-remplaçant), Watkins.
Mais le but de Mikel Oyarzabal à la 86e minute est venu faire gagner l’Espagne et faire pencher son bilan du mauvais côté. Cruel.
Source: Agence France-Presse