Dans un débat contradictoire, l’économiste et consultant sur une chaine de télévision Vision 4 recadre l’historien et politologue sur l’affaire de « prétendue Bamiphobie ».
Achille Mbembe et la « Bamiphobie ». Cela aurait pu être le titre d’un feuilleton que les téléspectateurs s’en seront délectés. Selon Dieudonné Essomba, l’historien a fait d’étranges déclarations sur une prétendue Bamiphobie. Qu’il justifie par la disqualification de Kamto par le Conseil électoral et le Conseil constitutionnel.
Du coup, observe l’économiste, cette peste idéologique est devenue virale dans les réseaux sociaux. Non sans alimenter, relève-t-il, une littérature surréaliste. Et des accusations rageuses sur les auteurs et les coupables, dont évidemment, je fais partie.
Discrimination d’une communauté
« Je voudrais dire à M. Mbembe que les faits sociaux se mesurent par des indicateurs universels. La discrimination dont les Bamiléké seraient l’objet au Cameroun. Suivant eux, doit être appuyée par des indicateurs précis. Car ce sont ces indicateurs qui renseignent sur l’intensité du phénomène décrié. Sur ses mécanismes de fonctionnement et sur les solutions éventuelles », rappelle fort opportunément Dieudonné Essomba.
Le consultant insiste sur le fait que la discrimination d’une communauté se mesure. Par le biais qui existe entre sa représentativité démographique. Et sa représentativité dans les espaces collectifs.
« Par exemple, lorsqu’une communauté représente 20% de la population. Et n’accède qu’à 5% des emplois publics, il y a manifestement un écart qui fonde une réclamation. C’est en vertu de ce principe. Que pour établir le caractère injuste de l’apartheid. on pouvait dire : «les Noirs qui représentent 90% de la population. Ne contrôlent que 20% de l’Economie», schématise l’économiste.
Et de poursuivre : « Ou alors, pour qualifier les USA de discrimination. On peut y dire : «les Noirs qui ne représentent que 15% de la population américaine. Constituent 40% de la population carcérale». Ici, on voit bien une différence très importante entre la représentativité démographique de la communauté concernée. Et sa proportion dans le domaine considéré ».
Un vivre-ensemble déjà précaire
Pour lui, les indicateurs sont des outils juridiques reconnus par l’humanité. Et qui fondent la communauté discriminée à se plaindre auprès des Nations-Unies. De son point de vue, on ne saurait donc accuser un système institutionnel de discrimination. Sans présenter le moindre indicateur de cette nature. Les Bamiléké étant, pour sa part, très loin d’être les victimes d’une quelconque discrimination au Cameroun.
« C’est une Communauté qui représente 15% de la population camerounaise. Et qui est représentée au-delà des 15%, quel que soit le domaine collectif considéré ». Le Cameroun est « très hétérogène et très clivé. Et les intellectuels de la trempe de Mbembe doivent éviter de compliquer la situation. En relayant des idées qui dégradent un vivre-ensemble déjà précaire. Et érodent la confiance entre les communautés », conclut Dieudonné Essomba.