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Crise politique en France : François Hollande se prononce

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L’ancien président français s’est prononcé sur la crise politique sans précédent dans la Vᵉ République. Invité à la chaine TMC, François Hollande a répondu sans mâcher les mots aux préoccupations des journalistes. Voici l’extrait de l’entretien.

Comment la qualifier, cette crise ? Qu’est-ce qui est en train de se passer dans notre pays ?

Des crises, j’en ai connu comme président de la République, j’en ai connu aussi lorsque j’étais pleinement dans la vie politique comme premier secrétaire du Parti Socialiste. Je pense que c’est l’une des plus graves crises politiques de ces 20 dernières années.

C’est une crise politique, une crise de régime, une crise des institutions, une crise démocratique, vous dites ?

C’est une crise qui peut déboucher sur un manquement démocratique. C’est-à-dire sur le fait que la démocratie elle-même en sorte abîmée. C’est une crise qui a déjà des conséquences économiques, financières. C’est une crise qui accentue encore la défiance entre les Français et leurs représentants.

Et c’est une crise, et c’est peut-être la raison pour laquelle je la trouve encore plus douloureuse. Qui donne une image de la France dans le monde qui est particulièrement humiliante. Humiliante de voir qu’un président est contesté dans son propre camp jusqu’à lui demander de démissionner. Humiliante d’avoir une succession de premiers ministres. Et là un Premier ministre, quelle que soit sa sincérité, qui ne va pas durer plus de quelques jours.

Humiliante de voir dans la majorité, ou dans ce qui restait de la majorité, des conflits de personnes pour des causes qui ne sont que justement partisanes. Et donc je crois qu’il est temps qu’il y ait une prise de conscience, celle d’intervenir déjà j’espère, mais en tout cas une prise de décision. Et ce soir, j’attendais des décisions.

Alors vous étiez dans une loge, vous avez écouté le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu. Qui s’est adressé sur France 2 dans le JT de 20h avec Léa Salamé. Qu’est-ce que vous avez retenu ?

Ce que j’ai retenu, c’est qu’il avait fait un effort pendant toutes ces 48 heures pour chercher ce qui pouvait unir. Au moins sur la préparation d’un budget, les différentes formations politiques. Je pense qu’il a dû transmettre au président de la République. Il a dit clairement ce qu’il en coulait comme décision. C’est-à-dire qu’il y avait une volonté de ne pas aller vers la dissolution. Et enfin, il a, je crois, levé l’hypothèque sur la question de la retraite.

Je n’ai pas très bien compris s’il s’agissait de donner acte à la suspension ou si c’était un débat qu’il voulait ouvrir. Mais en tout cas, la question de la retraite a été clairement posée comme une des conditions. Pour arriver à ce qu’un budget puisse être présenté et adopté.

Et enfin, la dernière information qu’il nous a livrée, c’est qu’il ne serait pas le Premier ministre. Pour mener ce débat au sein du Parlement.

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Qui alors ?

La réponse, maintenant, elle vient du président de la République. Compte tenu de ce qui lui a été fourni. Compte tenu de ce qu’il pense être la nécessité de présenter un budget dès lundi. Qui pourra être modifié dans le débat parlementaire.

Quelle est la formule du Premier ministre qui paraît le plus adapté, approprié à la circonstance ? Vous avez été à l’Élysée, si vous étiez à la place d’Emmanuel Macron, qu’est-ce que vous feriez ?

Chacun a été confronté à des crises, elles ne sont jamais comparables. J’ai été confronté à des crises terroristes, j’ai été confronté à des indisciplines dans ma propre majorité. Enfin là, c’est inédit parce qu’il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale. Inédit parce qu’au sein de la majorité relative, il y a des divisions. Inédit parce qu’il y a un rassemblement national qui fait 150 sièges et qui complique l’exercice.

Donc, qu’est-ce qu’il faut faire ?

Ce qu’il faut faire, c’est comprendre qu’il y a des conditions pour que le budget soit adopté. Et qu’il faut un Premier ministre qui ne soit pas du bloc central.

Un socialiste ?

Ça peut être un socialiste, ça peut être une personnalité, le parti socialiste légitimement demande à l’exercer cette responsabilité. Mais un Premier ministre qui viendra du camp présidentiel sera le moins armé. Pour obtenir ce budget adopté dans des conditions honorables.

Les socialistes, c’est 66 députés…

Non mais je ne dis pas qu’il y a une formation politique qui a des droits particuliers.

Si ce n’est pas quelqu’un du bloc central, ça peut être qui d’autre ?

Ce que je dis, c’est qu’il faut sans doute une personnalité. Qui puisse offrir les garanties que les conditions qui ont été posées, notamment par l’opposition…

Une personnalité extérieure au Parlement ?

Ça peut l’être.

Technique ?

Ça peut l’être, même si je ne crois pas que dans le contexte politique que nous connaissons. Qu’il y ait des personnalités techniques qui puissent être à même de régler les grandes difficultés que nous connaissons. Donc je pense que chacun peut avancer sa proposition, le parti socialiste l’a fait et c’est légitime. D’autres peuvent le faire.

Les LR ont également demandé un gouvernement de cohabitation. Il faut choisir la personne qui peut, sur les conditions que l’on connaît. C’est-à-dire faire que ce budget puisse être adopté. Ça veut dire avec une trajectoire qui soit capable de rassurer les marchés. Donc nos prêteurs, une volonté de maîtriser la dépense.

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Mais aussi de taxer les plus hautes fortunes et de mettre en place cette suspension de la réforme des retraites. En attendant l’élection présidentielle de 2027. Il parle justement d’une équipe déconnectée des ambitions de la présidentielle en 2027, ça laisse beaucoup de monde… Ce Premier ministre ou cette Première ministre ne soit pas candidat à l’élection présidentielle. Une équipe, une équipe déconnectée.

Vous aurez bien du mal à trouver dans une équipe quelqu’un qui ne pense pas à l’élection présidentielle. C’est assez rare si vous voulez, dans la vie.

Sur la personnalité, mais est-ce qu’on connaît ce profil ? Est-ce que ce profil existe ? Parce que c’est très flou…

Ce profil, je viens de le décrire, je ne suis plus président de la République, j’aurais cette responsabilité. Je pencherais pour une personnalité effectivement qui puisse donner un sens à l’autorité de l’État.

Quelqu’un d’extérieur, vous voulez dire ? Oui, extérieur au jeu politique ?

Non, pas au jeu politique, parce que nous sommes tous dans le jeu politique.

Non, mais alors quelqu’un d’extérieur au Parlement ? On parle de Pierre Moscovici, président de la République, par exemple.

Je ne sais pas, mais ce qu’il faut, ça peut être une personnalité qui est dans le Parlement. Mais qui est l’autorité qui permet de faire adopter le budget.

Elle existe cette personnalité ? Vous avez un nom peut-être ?

Non, je ne me mettrais pas dans la place qui n’est pas la mienne ou qui n’est plus la mienne. Mais je pense que le président de la République va faire ce choix, parce que si j’ai bien compris, le Premier ministre actuel, Sébastien Lecornu, ne veut plus rester. Il l’a dit.

Est-ce que vous êtes confiant dans la décision que va prendre le président de la République. Dans les heures qui viennent ?

C’est qu’il aurait dû peut-être, dès le lendemain de la dissolution. Ne pas se tromper et prendre en compte quel était le vote des Français. Il ne l’a pas fait. Dans les heures qui viennent, je pense qu’il ne peut pas répéter trois erreurs.

Il faut qu’il fasse vraiment en conscience et en lucidité le choix de la personnalité. Et peut-être de la formation politique qui correspond le mieux à la situation pour régler la question budgétaire. Donc la question budgétaire, elle est essentielle. Il doit prendre la personne qui peut faire passer ce budget.

Et si la France n’a pas de budget le 1er janvier, il se passe quoi ?

C’est possible. La Constitution prévoit tout, il y a une loi spéciale, on reconduit le budget de l’année précédente. Et ce sera au détriment de la vie de beaucoup de Français. Ça n’empêchera pas le fonctionnement de l’État, tout est prévu. Mais ça altérera le caractère stable de nos institutions. Donc c’est l’instabilité qui coûte cher et c’est l’instabilité qui doit être aujourd’hui arrêtée.

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