Cacao, crise politico-militaire et « coupé-décalé »… Ce qu’il faut savoir sur la Côte d’Ivoire, pôle de croissance et de stabilité en Afrique de l’Ouest, où le président sortant Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, affrontera quatre candidats d’opposition samedi lors de l’élection présidentielle.
– Des pachydermes partout –
« Blason de Sinople à tête d’éléphant » vantent orgueilleusement les armoiries du pays. Le pachyderme est le symbole incontournable de la Côte d’Ivoire. Son profil figure en bonne place sur tous les bâtiments et documents officiels.
L’équipe nationale de football au maillot orange, triple vainqueur de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) et dont tous les Ivoiriens sont inconditionnels, porte d’ailleurs le surnom des « Éléphants ».
Conséquence du braconnage et de la destruction progressive de leur habitat naturel, il reste malheureusement aujourd’hui moins de 500 éléphants dans le pays. Près de 90% de la surface de la forêt ivoirienne a disparu au cours des 60 dernières années, selon le dernier inventaire forestier de 2021.
– Un précieux cacao –
L’autre grande richesse ivoirienne, bien réelle celle-là, c’est le cacao, dont le pays est premier producteur mondial.
Grâce au cacao et à ses autres matières premières (noix de cajou, pétrole, gaz…), le pays de près de 32 millions d’habitants affiche depuis plus d’une décennie l’un des taux de croissance les plus rapides d’Afrique subsaharienne, relève la Banque mondiale.
Le cacao représente 14% du Produit intérieur brut (PIB) et 45% des recettes d’exportation du pays, selon les autorités ivoiriennes.
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le PIB devrait croître de 6,4 % cette année ainsi qu’en 2026, après 6% en 2024, tiré notamment par les secteurs pétrolier et gazier.
– Des crises à répétition –
L’ancienne colonie française, indépendante depuis 1960, a traversé de nombreuses crises dans le passé, après une trentaine d’années de stabilité politique et de prospérité économique sous la houlette de son premier président, Félix Houphouët-Boigny. Celui-ci a instauré le multipartisme en 1990.
Six ans après sa mort, la Côte d’Ivoire a connu en 1999 son premier coup d’État militaire, puis une tentative de coup d’État qui a abouti à une interminable crise politico-militaire et à un pays coupé en deux de 2002 à 2011, entre un Nord contrôlé par une rébellion et un Sud loyaliste.
Depuis, tandis que plusieurs autres pays d’Afrique francophone étaient secoués par des putschs ces dernières années, le parti du président Alassane Ouattara a maintenu sa domination de la scène politique.
– Dernier allié français en Afrique de l’Ouest –
Après son indépendance, la Côte d’Ivoire fut longtemps l’un des joyaux de la couronne et pilier de la « Françafrique », jusqu’à la rupture avec Laurent Gbagbo et ses « patriotes » fin 2004.
Avec la fin de la crise et l’arrivée du président Ouattara en 2011, le pays a renoué des liens privilégiés avec la France, tout en s’ouvrant à d’autres partenaires, la Chine notamment.
La Côte d’Ivoire fait aujourd’hui figure d’exception alors que dans plusieurs pays du Sahel voisin (dont le Mali et le Burkina Faso frontaliers), des juntes défiantes, voire hostiles à la France ont pris le pouvoir.
L’armée française, engagée dans la lutte contre la menace jihadiste qui se propage au Sahel, a rétrocédé en février à la Côte d’Ivoire la grande base militaire qu’elle occupait depuis près de 50 ans près d’Abidjan, un départ concerté contrairement à ces pays dont elle a récemment été chassée.
– Après le Zouglou, le Rap ivoire –
Grande patrie du reggae avec les stars Alpha Blondy ou Tiken Jah Fakoly, le pays a vu naître deux genres musicaux qui se sont exportés en Afrique et en Europe: le « zouglou » dans les années 1990, dont le groupe phare est Magic System, puis le désormais célèbre « coupé-décalé », né des « ambianceurs » comme « Douk Saga » et sa « Jet set », le « Molare ». Cette musique endiablée est devenue le symbole de la jeunesse ivoirienne et a prédominé sur le paysage musical national jusqu’au décès accidentel en 2019 de son icône DJ Arafat.
Depuis, d’autres artistes ivoiriens se sont fait connaître à l’international, notamment grâce au streaming, comme les rappeurs Didi B et Himra. Ce rap, parfois baptisé « rap ivoire », a intégré les langues locales, le « nouchi » (argot ivoirien) et instruments traditionnels comme le djembé ou la kora.
Source: Agence France-Presse