Chaque année, près de 3000 enfants naissent autistes au Cameroun, une maladie encore mal comprise et souvent stigmatisée. En ce jour dédié à la sensibilisation de cette maladie, nous avons fait incursion au «Fedeme – Le Caméléon ». Il soutient depuis 25 ans, les enfants présentant des troubles d’apprentissage, notamment l’autisme.
Ce 2 avril 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation de l’autisme, c’est un enfant joyeux que nous avons rencontré dans la cour du centre spécialisé « Fedeme – Le Caméléon », situé dans la zone Bassa à Douala. Le petit garçon de 8 ans ne cache pas sa joie de rentrer chez lui après une journée à l’école, comme tous les enfants de son âge. Mais derrière ce sourire, se cache un parcours unique et parfois difficile.
25 ans au service des enfants troubles d’apprentissage
En effet, depuis plus de 25 ans, « Fedeme-Le Caméléon » s’investit dans l’accompagnement des enfants ayant des troubles d’apprentissage, notamment ceux autistes. Selon les chiffres de 2023, au Cameroun, chaque année, près de 3000 enfants naissent autistes. Pourtant, l’autisme demeure une maladie mal connue, entourée de stéréotypes.
Autisme : des mères confrontées à l’isolement et l’épuisement
Cette année, le centre accueille une dizaine d’enfants autistes. Dans le cadre de la journée dédiée à la sensibilisation de l’autisme, célébrée sous le thème « Promouvoir la neurodiversité et les objectifs de développement durable (ODD) », Hortense Chamdjou , une des encadrantes les plus anciennes dudit centre, nous explique. « Ici à Fedeme, nous laissons le soin aux spécialistes de confirmer le diagnostic. Toutefois, nous observons chez nos enfants des comportements caractéristiques comme l’hyperactivité, l’agressivité, ou encore le besoin de jouer seul. Ils ont parfois des tics, comme des cris ou des pleurs, souvent sans raison apparente. »
Premiers signes, à partir de 3 ans
Le centre intervient dès les premiers signes, souvent à partir de 3 ans. Cependant, certains enfants arrivent plus tard, parfois à 8, 10, voire 14 ans, sans que leurs parents sachent exactement ce qu’ils ont. « Nous les envoyons chez le spécialiste pour confirmer le diagnostic », précise Mme Hortense. Selon elle, un parent attentif peut souvent détecter des différences comportementales avant l’âge de 3 ans.
Fedeme – Le Caméléon œuvre également pour promouvoir l’intégration sociale des enfants autistes. « Nous organisons des jeux pour encourager la communication entre eux. Toutefois, il n’est pas rare qu’ils soient agressifs entre eux », nous confie-t-elle. Bien que chaque enfant ait son caractère, elle note que les garçons sont généralement plus touchés par l’autisme que les filles.
Le centre met un accent particulier sur l’autonomie. « Les enfants autistes, même s’ils ne peuvent pas occuper des postes de responsabilité, peuvent évoluer à leur rythme », explique Mme Hortense. Elle poursuit ses propos en rassurant : « En sortant du centre, la plupart sont autonomes grâce à notre suivi et à l’engagement des parents. » Pour elle, plus un enfant arrive tôt au centre, plus il est susceptible de progresser rapidement, par rapport à un enfant qui reste à la maison sans prise en charge.
Ils développent d’autres aptitudes
Bien que l’autisme puisse sembler un défi de taille, l’encadrante insiste sur l’intelligence des enfants autistes. « Ils rencontrent des difficultés sociales, mais ils développent d’autres aptitudes », ajoute-t-elle. Grâce au soutien continu, parents et enfants surmontent les obstacles, et l’autisme n’est plus un frein à une vie de famille épanouie.
À travers ce travail quotidien,« Fedeme-Le Caméléon » œuvre pour une meilleure reconnaissance de l’autisme au Cameroun. Et, à l’occasion de cette journée mondiale, l’espoir est de briser les tabous et de mieux comprendre les réalités des enfants autistes.