L’ouest du Nigeria a été frappé mardi soir par une attaque meurtrière dans une église. Alors que la messe était retransmise en direct, des hommes armés ont envahi le sanctuaire, brisant la prière et plongeant les fidèles dans la panique. Ainsi, le culte s’est mué en spectacle de violence, exposé aux yeux du monde.
Deux vies ont été fauchées, sous les yeux d’une communauté sidérée. La diffusion en ligne a amplifié l’impact, transformant l’attaque en symbole d’une vulnérabilité collective. Les réseaux sociaux, saturés de témoignages et de cris d’indignation, ont résonné de cette tragédie au-delà des frontières locales.
Dans ce choc partagé, l’événement devient plus qu’un fait divers : il incarne la fragilité des espaces sacrés face à une violence qui défie la mémoire et la foi.
– Violences en série –
Quelques jours plus tôt, des hommes armés non identifiés ont enlevé 25 lycéennes. L’attaque a visé l’école pour filles de Maga, un internat de l’État de Kebbi, dans le nord-ouest du Nigeria. L’opération s’est déroulée dans la nuit de dimanche à lundi. Cet enlèvement souligne la recrudescence des violences contre les établissements scolaires.
Une des jeunes filles est parvenue à s’échapper, ont indiqué les autorités. On ignore pour l’heure l’identité des assaillants, jihadistes ou simples bandits.
Mardi, vers 18 h locales, des hommes armés ont pénétré dans la petite église d’Eruku, dans l’État de Kwara. Ils ont interrompu la prière des fidèles. L’assaut a semé la panique et relancé les inquiétudes sur la sécurité des lieux de culte.
La caméra de l’église a enregistré l’attaque. Ainsi, les images offrent une preuve immédiate de la violence. La vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué une vive émotion. On y voit une vingtaine de fidèles interrompre leurs prières sous les tirs venus de l’extérieur. Des cris d’enfants résonnent dans l’enregistrement. Ainsi, l’assaut prend une dimension publique et choquante.
La vidéo montre un homme armé traquant les fidèles cachés derrière des rideaux et des meubles. D’autres assaillants pillent les sacs et effets personnels laissés sur les bancs. Les tirs continuent, accentuant la panique. Ainsi, l’attaque se double d’un vol organisé.
– Plusieurs morts –
La police de l’État de Kwara a indiqué que ses agents, épaulés par des vigiles, ont réagi rapidement aux tirs venus de la périphérie. Sous cette pression, les assaillants ont pris la fuite dans la brousse. Le communiqué a été diffusé dans la nuit.
La fouille minutieuse de la zone a révélé l’ampleur du drame. Dans l’église apostolique du Christ, à Oke Isegun, le corps de M. Aderemi a été découvert, mortellement atteint par balle.
Un autre homme, M. Tunde Asaba Ajayi, victime d’un tir fatal, reposait dans la brousse, comme abandonné à la nuit. Un troisième, blessé, a été transporté d’urgence à l’hôpital, survivant fragile d’une violence qui ne cesse de frapper.
Ainsi, le communiqué de la police ne se limite pas à un bilan : il trace les contours d’une tragédie où les lieux sacrés et les espaces ouverts deviennent indistinctement des théâtres de mort.
Entre l’église, la brousse et l’hôpital, se révèle l’image d’une société assiégée. La foi, la nature et la vie sont toutes traversées par la même ligne de feu. Ainsi, le drame s’inscrit dans chaque espace de la communauté.
– L’incertitude persiste –
Le gouverneur de l’État de Kwara, AbdulRahman AbdulRazaq, a exigé le déploiement immédiat de renforts de sécurité. Son bureau l’a annoncé dans un communiqué publié mercredi matin. La mesure vise à contenir la menace et rassurer la population.
Michael Agbabiaka, 62 ans, secrétaire de l’église d’Eruku, a déclaré qu’il y avait trois morts et un blessé. Il ajoute que les assaillants ont enlevé 35 personnes. Le chiffre accentue la gravité du bilan, lequel contraste avec les données communiquées par la police.
Ce bilan reste invérifiable. Les autorités locales et la police n’ont pas répondu aux demandes de l’AFP. L’incertitude persiste sur le nombre exact de victimes et d’enlevés.
À la suite des récentes attaques, le président Bola Tinubu a ordonné la mise en alerte maximale des forces de sécurité. Le ministre de l’Information, Mohammed Idris, l’a annoncé mercredi lors d’un point presse à Abuja. La décision traduit la gravité de la situation sécuritaire.
– Deux attaques –
Donald Trump a menacé d’une intervention militaire au Nigeria, affirmant vouloir protéger les chrétiens face à ce qu’il décrit comme un “génocide” ou des “meurtres de masse” commis par des islamistes. Abuja rejette ces accusations, dénonçant une ingérence étrangère et rappelant que les violences touchent indistinctement toutes les communautés.
À Washington, des élus conservateurs et des associations chrétiennes alimentent cette rhétorique. Ils la portent dans le débat politique et médiatique. Ainsi, le discours gagne en visibilité et en influence.
Abuja rejette les accusations mais confirme des discussions avec Washington. Ces pourparlers portent sur une coopération sécuritaire. Le gouvernement nigérian tente ainsi de contenir la polémique.
Dernièrement, les attaques de bandits se sont multipliées à Kwara, notamment les enlèvements contre rançon, poussant le président nigérian Bola Tinubu à ordonner en octobre le déploiement de personnels militaires dans les forêts de l’État, où les gangs établissent des campements et se cachent.
Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique divisé entre un nord principalement musulman et un sud majoritairement chrétien, les attaques de criminels dans les lieux de culte sont courantes, non pour des raisons religieuses mais car des gangs armés appelés « bandits » pillent les biens des fidèles sur place.
Les « bandits » sillonnent la moitié nord du pays, pillant les villages, tuant leurs habitants ou les kidnappant pour obtenir des rançons. Des hommes armés ciblent régulièrement les églises et les mosquées.
Source: Agence France-Presse
















