Alerte à la frontière malienne. Jeudi, la Côte d’Ivoire a dressé un rempart face à une menace qui ne cesse de grandir. À sa frontière nord, le pays resserre l’étau. Ce n’est plus une simple mesure de précaution : c’est une réponse directe à une onde de choc venue du sud du Mali. Là-bas, des groupes armés terrorisent les villages, déchirent les terres, chassent les familles. Ces exilés, poussés par la peur, franchissent la frontière ivoirienne en nombre inhabituel. Le flux devient un signal. Et l’État ivoirien, en alerte, choisit de verrouiller.
Mais derrière les chiffres, une inquiétude sourde : et si, parmi les fuyards, se glissaient les bourreaux ? Le gouvernement ne prend aucun risque. Il verrouille, surveille, anticipe. Ce renforcement n’est pas qu’un geste sécuritaire. Il incarne une ligne de défense, une frontière entre le chaos et la stabilité, entre l’effondrement et la résilience.
Depuis septembre, le JNIM, affilié à Al-Qaïda, attaque les camions-citernes. Cibles : les convois de carburant en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Ces routes assurent l’essentiel des livraisons vers le Mali. Objectif des assaillants : asphyxier l’économie malienne.
Plusieurs véhicules ont été incendiés, des chauffeurs ainsi que des soldats ont été tués près de la frontière ivoirienne.
– L’État ivoirien resserre l’étau –
Mercredi, des centaines de civils ont fui Loulouni, à 50 km de la frontière ivoirienne. Raison : une attaque jihadiste contre des chasseurs dozos. Ces derniers résistaient aux groupes armés. La population, prise entre deux feux, s’est repliée vers d’autres villes maliennes.
Jeudi, le Conseil national de sécurité (CNS) a alerté : des flux inhabituels de réfugiés arrivent du Mali. L’appareil sécuritaire ivoirien est en alerte. Le signal est clair : la pression monte à la frontière nord.
Ces flux s’expliquent par des attaques terroristes contre des civils dans le sud du Mali. Le gouvernement ivoirien ordonne l’enregistrement des demandeurs d’asile. Objectif : surveiller, encadrer, anticiper.
Le CNS a ordonné au chef d’état-major de renforcer la sécurité aux frontières nord. Mesures immédiates exigées. Objectif : contenir les risques, verrouiller les accès, protéger le territoire.
La Côte d’Ivoire héberge déjà près de 90 000 réfugiés burkinabè. Ces derniers fuient les violences jihadistes et les milices liées à l’armée du Burkina Faso. La pression migratoire s’intensifie.
Jeudi, le CNS a évoqué la sécurité des élections législatives prévues le 27 décembre. Des mesures sont attendues. Objectif : garantir un scrutin sans heurts.
– Entre urnes et interdits –
Le CNS s’est félicité du bon déroulement de la présidentielle d’octobre. Pourtant, 11 morts, 71 blessés et 1 658 interpellations ont été recensés. L’opposition conteste : elle évoque 27 décès liés à la campagne et au scrutin.
Le CNS maintient 44 000 agents des forces de Défense et de Sécurité. Déjà mobilisés pour la présidentielle, ils sécuriseront les législatives du 27 décembre. Le dispositif reste en place. Vigilance maximale.
Dernier point abordé par le Conseil national de sécurité : la rue. Dans un contexte politique encore fragile, le CNS a décidé de prolonger d’un mois l’interdiction de manifester imposée en octobre. Jusqu’en janvier, les partis et groupements politiques devront se taire dans l’espace public — sauf s’ils s’inscrivent dans le cadre strict du processus électoral.
Ce prolongement n’est pas neutre. Il traduit une volonté de contrôle, de maîtrise du tempo politique. Dans une période où chaque rassemblement peut devenir une étincelle, l’État choisit la retenue autoritaire. La démocratie se poursuit, mais sous surveillance. La parole publique, elle, reste encadrée.
Source: Agence France-Presse
















