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Référendum : les Guinéens votent en nombre en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel

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Transition militaire en Guinée : un référendum sous tension. Dimanche, les Guinéens ont voté massivement sur un projet de nouvelle Constitution. Ce scrutin, présenté comme une étape vers la fin de la transition militaire, divise. D’un côté, certains réclament le retour des civils au pouvoir. De l’autre, des partisans soutiennent le chef de la junte et sa possible candidature à la présidentielle.

La capitale Conakry était à l’arrêt depuis dimanche et les rues quasi désertes, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les quartiers étaient quadrillés par un important dispositif de sécurité, dont des blindés montés de mitrailleuses et des barrages de policiers contrôlant les véhicules.

Espéré depuis des années par la population et la communauté internationale, ce scrutin ouvre une séquence électorale clef dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et à l’histoire politique marquée par les régimes autoritaires.

La Guinée est dirigée d’une main de fer par le général Mamadi Doumbouya, 40 ans, depuis qu’il a renversé le président civil élu Alpha Condé en 2021.

Malgré l’appel au boycott de l’opposition – qui accuse la junte de vouloir se maintenir au pouvoir à travers ce référendum –, l’AFP a constaté une certaine affluence dans le centre aisé de Conakry, mais aussi dans plusieurs quartiers plus populaires.

– Affluence –

Venus en masse dans le quartier de Kaloum, les électeurs s’impatientaient même dans la file d’attente du bureau de vote installé dans l’école Boulbinet.

Ahmad Diallo, 23 ans, étudiant, plaisante avec ses amis après avoir voté. « C’est ce que tout le monde attend : avoir la paix et on veut que la transition se termine », dit à l’AFP ce jeune électeur. Depuis la prise de pouvoir des militaires, « c’est calme, ça se passe bien dans le pays et on aime ça ».

Malgré la présence de forces de sécurité aux abords du bureau de vote et la campagne écrasante pro-oui depuis des semaines, Fodé Fofana, 44 ans ne cache pas son constat mitigé.

« On veut en finir avec la transition là, c’est pas bon pour la Guinée… on veut une élection présidentielle transparente et avoir un président civil », confie-t-il, avant d’ajouter : « Sur le plan international, les militaires c’est pas bon pour la Guinée. »

Dans son atelier de réparation, le patron observe le quartier avec lassitude. Son regard, marqué par la fatigue, traduit une forme de résignation. « Je n’ai vu aucune amélioration significative depuis 2021 », confie-t-il. Pour lui, les promesses de changement n’ont jamais dépassé les discours. Le décor, lui, reste inchangé : rues dégradées, services absents, espoirs minés.

– Référendum en Guinée : Doumbouya vote, l’opposition muselée –

En début de matinée, le général Mamadi Doumbouya est venu voter en compagnie de son épouse et d’un de leurs enfants dans l’école Boulbinet.  Celui qui fait de rares apparitions en public portait une tenue décontractée. Il a voté sans faire de déclarations, à distance des journalistes tenus à l’écart.

La campagne pour le « oui » s’est déployée massivement à travers le pays. Partout, les affiches à l’effigie du chef de la junte ont envahi les rues. À grand renfort de visuels, le message officiel s’est imposé. Cette mise en scène, jugée ostentatoire par plusieurs observateurs, reflète la volonté de contrôle du discours public.

La voix du « non » est restée quasi inaudible. En Guinée, une chape de plomb s’est abattue sur les voix dissidentes. Dans ce climat, l’expression d’un désaccord devient risquée. Les opposants, réduits au silence, peinent à se faire entendre.

Dans ce contexte, l’opposition a appelé les Guinéens à rester chez eux, dénonçant « une mascarade électorale ».

Si elle est adoptée, cette Constitution remplacera la « Charte de la transition », établie par la junte après le coup d’État et qui interdisait notamment à ses membres de se présenter aux élections. Or, cette interdiction ne figure plus dans le projet de Constitution, ouvrant la voie à une candidature du général Doumbouya.

– « Propagande » –

Les autorités ont annoncé des élections présidentielle et législatives. Objectif affiché : restaurer l’ordre constitutionnel avant la fin de l’année. Cependant, aucune date n’a été communiquée. Ce flou, selon plusieurs observateurs, entretient les doutes sur la sincérité de la transition.

Plusieurs électeurs interrogés par l’AFP disent avoir voté pour soutenir la nouvelle Constitution. Pour eux, c’est une étape vers le retour à l’ordre constitutionnel. Mais en parallèle, beaucoup expriment leurs inquiétudes. Ils redoutent une candidature de M. Doumbouya à la présidentielle. Ce scénario, selon certains, compromettrait la promesse de transition.

Dans le quartier défavorisé de Hamdallaye, l’ambiance reste tendue. Une responsable syndicale de 72 ans, sous couvert d’anonymat, confie son tourment. « Je suis venue car j’ai toujours voté », dit-elle. Pour elle, c’est un devoir citoyen. Elle ajoute : « Il faut mettre fin à la transition militaire. »

Elle dénonce une dérive présidentielle. Selon elle, la campagne référendaire n’en était pas une. « Ce n’était pas une campagne sur une Constitution », affirme-t-elle. La propagande, trop forte, aurait brouillé le débat.

Elle pointe l’intimidation. « Vous avez vu les blindés, les armements, les pick-up », lance-t-elle. Puis elle interroge : « C’est pour une Constitution, ça ? Non. C’est pour effrayer les gens. »

Dans le reste du pays, le vote se déroulait dans le calme, selon les informations recueillies par l’AFP. L’affluence était contrastée par régions, notamment moins importante à Faranah (centre-est).

Quelque 6,7 millions de Guinéens, sur environ 14,5 millions d’habitants, sont appelés aux urnes jusqu’à 18 H 00 (locales et GMT). Les résultats provisoires officiels sont attendus à partir de mardi soir.

Source : Agence France-Presse

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