À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, le Cameroun entre dans une phase politique décisive. Les appels à une coalition de l’opposition se multiplient, les rumeurs de report du scrutin s’intensifient, et la base populaire s’impatiente. Pourtant, Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), reste silencieux. Il ne s’exprime pas publiquement sur les tractations en cours, ne soutient aucun candidat, et ne semble pas céder à la pression. Ce silence dérange, mais il parle. Et il mérite d’être interprété.
Le ciel est clair, mais l’orage menace.
Dans une parabole récemment publiée, Kamto écrit :
« Il ne suffit pas que le ciel soit clair pour qu’on annonce qu’il n’y aura pas d’orage. Il faut savoir scruter l’horizon pour voir les nuages qui se forment. Les poussins qui marchent, picorent, courent pour boire dans la cour ne savent pas le danger que représente l’épervier. Mais la mère poule le sait. »
Ce texte, en apparence simple, est une métaphore puissante. Il évoque la vigilance, la lucidité, et la responsabilité face aux apparences trompeuses. Le ciel clair symbolise le calme apparent des discussions politiques. Les poussins représentent le peuple, souvent insouciant, parfois naïf. L’épervier, c’est le danger : un pouvoir qui guette, prêt à fondre. Et la mère poule, c’est le leader lucide – celui qui voit venir le péril et tente de protéger.
Mais cette parabole peut aussi être lue comme une critique voilée des dynamiques actuelles de l’opposition. Alors que le peuple réclame l’unité, certains leaders avancent en ordre dispersé. Kamto, porté par une base populaire solide, semble hésiter à soutenir un autre candidat sans garantie. Ce refus de se précipiter peut être perçu comme une posture stratégique : ne pas céder à la pression sans vision claire, sans assurance que ses valeurs seront respectées.
Une coalition sans contrepartie ?
La pression populaire est réelle. De nombreux citoyens, frustrés par l’absence d’unité, demandent à Kamto de soutenir une autre figure de l’opposition. Mais que lui offre-t-on en retour ? Rien de concret. Aucun rôle défini dans une éventuelle gouvernance. Aucune reconnaissance institutionnelle. Aucune garantie sur la direction politique à venir.
Kamto ne cède pas. Maurice Kamto défend son combat avec prudence. Ses partisans comptent sur sa constance. Sa vision politique reste intacte. Soutenir sans conditions, selon lui, affaiblit l’influence, brouille les convictions et expose au risque d’une alternance factice. Il choisit le silence plutôt que le compromis.
Et si le danger venait de l’intérieur ?
Le véritable danger ne vient peut-être pas uniquement du régime en place. Il vient peut-être aussi de cette figure de l’opposition que la base populaire veut imposer à Kamto sans réfléchir. Une figure populaire, certes, mais fragile. Charismatique, peut-être, mais sans structure politique solide. Kamto le voit. Il ne le dit pas ouvertement. Mais il agit. Il résiste.
Dans cette lecture, l’épervier n’est pas seulement le pouvoir en place. Il peut aussi être l’opposition mal préparée, celle qui se présente comme une solution mais qui, sans vision claire ni garanties, risque de précipiter le peuple dans une autre forme de désillusion.
Ce que le peuple doit comprendre
Kamto ne parle pas clairement, mais il ne navigue pas à vue. Il scrute l’horizon pendant que d’autres regardent le ciel. Il nous invite à faire pareil. Chacun doit observer avec lucidité. Il faut réfléchir avant d’agir. Les citoyens doivent exiger davantage de leurs dirigeants. Il est essentiel de distinguer l’urgence réelle de la précipitation inutile.
Car l’épervier ne prévient pas. Et seule la mère poule qui veille peut espérer le repousser.
Ce silence, bien que frustrant pour certains, peut aussi être un appel à la maturité politique. Un appel à des négociations sincères, à une coalition fondée sur des principes et non sur des calculs. Kamto semble dire : « Je ne suis pas là pour décorer une façade d’unité. » Il attend des garanties. Il attend du sérieux. Et dans ce silence, il nous invite à faire de même.
















