Pays particulièrement préoccupant : c’est ainsi que les États-Unis ont qualifié le Nigeria, ravivant une tension diplomatique déjà palpable. Mercredi, Abuja a réagi avec fermeté. Face aux accusations de violations de la liberté religieuse, les autorités nigérianes dénoncent un « jugement fondamentalement erroné », défendant leur souveraineté dans un climat de défiance croissante.
Ce désaccord, loin d’être anodin, révèle les lignes de fracture entre deux puissances aux visions contrastées des droits fondamentaux. Pourtant, dans un geste d’ouverture, les autorités nigérianes tendent la main à Washington, affirmant leur disponibilité à coopérer sur les enjeux sécuritaires. Une manière de dire : le dialogue reste possible, même dans la discorde.
Depuis vendredi, les relations entre le Nigeria et les États-Unis se sont tendues. Donald Trump a classé le Nigeria comme « pays particulièrement préoccupant » (CPC). Motif : les violences contre des chrétiens, attribuées à des « islamistes radicaux ». Abuja dénonce une stigmatisation injuste.
– Souveraineté face aux conflits internes –
Le Nigeria conteste fermement les critiques. « Les allégations de persécution religieuse systémique sont infondées », a affirmé Dunoma Umar Ahmed, responsable des Affaires étrangères, devant les diplomates à Abuja.
Le Nigeria est en proie à plusieurs conflits. Les violences frappent les musulmans et chrétiens, sans distinction, selon les experts.
Depuis 2009, l’insurrection jihadiste dans le nord-est du Nigeria a fait plus de 40 000 morts. Boko Haram et l’ISWAP sont responsables. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées, selon l’ONU.
Le week-end dernier, Donald Trump a agité la menace d’une intervention armée au Nigeria, invoquant une persécution des chrétiens.
La désignation CPC « dénature l’ordre constitutionnel laïque du Nigeria », a déclaré M. Ahmed devant une salle comble au ministère des Affaires étrangères.
La présence de l’ambassadeur américain n’a pas été confirmée.
« L’État poursuit une campagne antiterroriste globale contre des groupes qui ciblent les Nigérians de toutes confessions », a-t-il ajouté.
Il critique la rhétorique américaine, jugée « dénigrante ». Il insiste : le « dialogue et la coopération » doivent rester la norme entre États souverains.
– Plusieurs défis sécuritaires –
Le sort des chrétiens au Nigeria, sujet de longue date pour les conservateurs américains, a brusquement retenu l’attention de Donald Trump la semaine dernière.
« Certains des instigateurs de ces activités criminelles entretiennent des relations directes avec des lobbyistes aux États-Unis », a déclaré mercredi le ministre de l’Information nigérian, Alhaji Mohammed Idris, lors d’une conférence de presse.
La semaine dernière, le président américain s’est emparé du sujet. Il a ciblé le Nigeria, un pays sans ambassadeur en poste à Washington. Ce geste a renforcé les tensions diplomatiques.
La scène diplomatique s’est brusquement tendue. La semaine dernière, le président américain a braqué les projecteurs sur le Nigeria, désignant un pays déjà fragilisé par l’absence d’ambassadeur à Washington.
Ce geste, loin d’être anodin, a résonné comme une mise en accusation sans interlocuteur officiel. Dans ce vide diplomatique, les mots prennent une portée plus lourde, et le rapport de force s’installe, symbolisant une fracture entre deux nations aux canaux de dialogue affaiblis.
– Diplomatie vacillante et menaces internes –
En 2023, dès son arrivée au pouvoir, le président Bola Tinubu a rappelé presque tous les ambassadeurs nigérians. Objectif : évaluer leur efficacité. À ce jour, la plupart n’ont pas été remplacés.
Le ministre a également affirmé que le Nigeria « accueille favorablement le soutien de nations étrangères, y compris des États-Unis d’Amérique, pour répondre à nos préoccupations communes en matière de sécurité », notamment « l’élimination totale du terrorisme ».
Outre l’insurrection jihadiste dans le nord-est du pays, le Nigeria est confronté à des bandes armées dans le nord-ouest, responsables d’enlèvements et de meurtres.
Des affrontements violents ont éclaté dans l’État du Plateau et le Middle Belt. Ils opposent des agriculteurs chrétiens à des éleveurs peuls musulmans. Malgré les tensions ethniques et religieuses, les experts pointent des causes plus profondes : une mauvaise gestion foncière et une absence d’autorité dans les zones rurales.
Des groupes séparatistes se trouvent également dans le sud-est du pays depuis des années.
Source: Agence France-Presse















