Alors que les rumeurs de “vol de sexe” prennent de l’ampleur dans plusieurs villes camerounaises, Maroua vient d’enregistrer son premier incident grave. Un communiqué du préfet du Diamaré rapporte qu’un homme a échappé de justesse à un lynchage, accusé à tort d’avoir fait disparaître l’organe génital d’un passant, le 14 juillet 2025.
Longtemps considérées comme marginales ou folkloriques, ces accusations aux relents mystiques prennent désormais une tournure inquiétante.
À Maroua, dans l’Extrême Nord, le phénomène s’installe progressivement. Jusqu’ici cantonnées à des villes comme Yaoundé ou Douala, ces rumeurs se propagent désormais dans la région, créant peur et confusion.
Dans son communiqué officiel daté du 14 juillet, le préfet du Diamaré Jean Marc Ekoa Mbarga alerte l’opinion. Il y indique qu’un homme a été violemment pris à partie par une foule en colère, sans qu’aucune preuve ne vienne étayer l’accusation. L’intervention rapide des forces de sécurité a permis d’éviter le pire.
Face à cet incident, l’autorité administrative a tenu à réagir avec fermeté. Le préfet met en garde contre les conséquences de ces accusations infondées, qu’il qualifie de dangereuses, irrationnelles et sources de violences injustifiées.
Il rappelle qu’aucune preuve médicale ne permet de confirmer la disparition d’un organe suite à un simple contact physique. Il annonce que les auteurs de fausses accusations ou d’agressions seront systématiquement poursuivis.
Un climat de peur déjà observé ailleurs
Ce drame évité à Maroua n’est malheureusement pas un cas isolé. En juin 2025, plusieurs incidents similaires avaient été rapportés à Yaoundé, notamment dans des marchés populaires. Des individus y ont été accusés d’avoir “retiré” le sexe d’autrui. Ce qui va déclencher bagarres, humiliations publiques et intervention des forces de l’ordre.
Le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, avait alors fermement dénoncé ces allégations. Il avait rappelé qu’aucune des prétendues victimes ne présentait de lésion ni de disparition réelle d’organe, selon les examens médicaux pratiqués.
Une rumeur amplifiée par les réseaux sociaux
Ces rumeurs continuent de circuler, non seulement à Yaoundé, mais aussi dans d’autres villes du pays. Amplifiées par les réseaux sociaux, elles alimentent un climat de peur. De confusion et de méfiance, qui menace la paix sociale.
Face à cette situation, les autorités appellent à la retenue, à la responsabilité individuelle et au respect de la loi. Elles rappellent que seule la justice est habilitée à trancher les litiges, et non la foule.
