Vendredi, Dakar a vécu la Marche du désenchantement. Des centaines de manifestants ont répondu à l’appel de l’opposition. Ils ont marché pour dire stop. La vie étouffe. Les promesses s’effondrent. Les libertés reculent. Dans les rues, le ras-le-bol s’est transformé en cri. Un cri que le pouvoir ne peut plus ignorer.
Et pendant ce temps, le gouvernement multiplie les poursuites jugées politiques. Dans une capitale qui fut symbole de stabilité, la rue devient le théâtre du désenchantement. Chaque slogan, chaque pancarte, chaque silence est un avertissement. Le peuple ne réclame plus de promesses. Il exige des réponses.
Pancartes en l’air. Messages clairs : « Le courant coûte cher », « République en danger », « Libérez les détenus politiques ». La marche est autorisée. Les slogans frappent. Une journaliste de l’AFP les a vus.
Le Front pour la défense de la démocratie et de la République (FDR) a organisé la marche. Cette nouvelle coalition rassemble plusieurs partis. Parmi eux : l’APR de l’ex-président Macky Sall (2012–2024). L’opposition s’unit. Et elle frappe fort.
Bineta Zoumanigui, 36 ans, couturière et membre de l’APR, ne mâche pas ses mots. « L’électricité est trop chère. Le travail manque. La liberté d’expression disparaît. » Elle résume une colère partagée. Et la rue l’écoute.
– L’espoir déçu d’une jeunesse en marche –
Il y a 18 mois, Bassirou Diomaye Faye, élu président dès le premier tour, et son mentor et désormais Premier ministre Ousmane Sonko, charismatique dirigeant du parti souverainiste Pastef, étaient arrivés au pouvoir porteurs d’espoir pour une large partie de la société.
Depuis, le gouvernement doit composer avec une situation économique préoccupante, la dette publique représentant 119% du PIB et la pauvreté touchant 35,7 % de la population.
Le nouveau pouvoir « a promis du vent aux jeunes », a estimé Baidi Ba, 55 ans, employé de l’aéroport de Dakar, voyant cette marche comme un « avertissement ». Papa Mamadou Cissé, membre du mouvement « Sonko Dégage », est venu pour montrer son « désenchantement » et sa « colère » face à des autorités qui « n’ont pas de solutions pour les Sénégalais ».
Les manifestants accusent également les autorités d’avoir procédé à des poursuites judiciaires « politiques » et de menacer la liberté d’expression.
Cinq anciens ministres de Macky Sall ont été inculpés pour des malversations ou des faits de corruption présumés.
Depuis plusieurs mois, les poursuites pour délits d’opinion se multiplient au Sénégal, pays réputé démocratique et plutôt stable dans une région agitée.
Deux journalistes ont été arrêtés cette semaine, puis relâchés au bout de plusieurs heures, après avoir interviewé un patron de presse proche de l’opposition, actuellement en France et recherché par la justice sénégalaise.
Source: Agence France-Presse
















