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Cameroun: Paul Biya, président le plus âgé au monde, prête serment pour un huitième mandat

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Trans Afrique

Jeudi, à Yaoundé, le président le plus âgé au monde, Paul Biya, 92 ans, a prêté serment pour un huitième mandat. Une nouvelle fois, il s’est avancé vers le pupitre du pouvoir, incarnant la longévité politique dans un pays en proie à de vives tensions. Ce moment solennel, répété depuis plus de quatre décennies, symbolise la continuité d’un régime qui défie le temps, les contestations et les appels au changement.

Ce geste solennel, répété depuis des décennies, s’est déroulé dans une atmosphère lourde de tension. Car derrière les dorures du protocole, une réalité s’impose : sa réélection, vivement contestée, a embrassé les rues.

– Une jeunesse en rupture –

Les protestations, portées par une jeunesse en quête de renouveau, ont été brutalement étouffées. Ce serment n’est pas un simple rituel. Il incarne un pouvoir figé, insensible aux années, aux critiques et aux appels à l’alternance. Biya reste. Le système tient. Le changement attend.

Vêtu d’un simple costume sombre, main droite levée, M. Biya a prêté serment au cours d’une cérémonie à l’Assemblée nationale devant notamment les magistrats du Conseil constitutionnel.

« Je ferai tout pour mériter cette confiance », a-t-il affirmé. Son discours, d’environ vingt minutes, s’est tenu devant des députés, responsables politiques et diplomates. Aucun dirigeant étranger n’était présent.

Devant les caméras de la télévision nationale, Paul Biya a tenté de capter l’ampleur du malaise. Il a admis la crise. Les défis s’aggravent. Les frustrations grandissent. Ses mots, répétés avec soin, dressent le tableau d’un pays sous pression. Les attentes dépassent les promesses. Le fossé se creuse.

Le 12 octobre, le verdict officiel est tombé : Paul Biya, 92 ans, est proclamé vainqueur avec 53,66 % des suffrages. Pourtant, dans l’ombre des chiffres, une autre voix s’élève. Celle d’Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre passé à l’opposition, portée par un élan populaire inattendu, surtout chez les jeunes.

Pour eux, il incarne l’espoir d’un changement longtemps différé. En revendiquant la victoire, il ne rejette pas un chiffre. Il attaque un système. Il ravive l’espoir d’un changement.

« Deux présidents »

Mercredi, Issa Tchiroma Bakary a frappé fort sur ses réseaux : « Il y a deux présidents. Celui élu par le peuple — moi. Celui désigné par le Conseil constitutionnel — vous le connaissez. »

Par cette déclaration, il ne se contente pas de contester un résultat. Il oppose deux légitimités : celle des urnes populaires et celle des institutions officielles. Ce clivage, brutal et assumé, cristallise une fracture politique profonde, où le pouvoir se joue désormais autant dans les rues que dans les palais.

M. Tchiroma a appelé à plusieurs reprises ses partisans à défendre ce qu’il estime être sa victoire. Des manifestations sporadiques et limitées – quelques centaines de jeunes – dans plusieurs villes du Cameroun ont été réprimées dans le sang après l’annonce le 27 octobre de la réélection de M. Biya.

Le gouvernement a reconnu des « pertes en vies humaines » durant ces manifestations sans donner de bilan ou de détails de dates ou de lieux.

L’opposant a depuis appelé à des opérations « villes mortes » de lundi à mercredi, un appel diversement suivi dans les grandes villes du Cameroun. Le mouvement a été largement suivi dans son fief de Garoua ou à Douala, la capitale économique. À Yaoundé, en revanche, la plupart des commerces étaient ouverts, les enfants étaient à l’école et les employés au travail.

– Tchiroma introuvable –

La localisation actuelle de M. Tchiroma est inconnue. Mardi, un de ses porte-parole avait indiqué à l’AFP que celui-ci était « en mouvement ».

Le gouvernement a annoncé son intention d’engager des poursuites judiciaires contre l’opposant, dénonçant notamment ses « appels répétés à l’insurrection ».

Fin octobre, l’International Crisis Group a alerté : aucun camp ne veut céder. Le risque d’escalade est élevé. Les tensions persistent. Le pays vacille.

Le centre de réflexion signale des incohérences dans les résultats officiels. L’opposition et la société civile les dénoncent. Lui-même parle de chiffres « étonnants ».

« Ce conflit risque de dégénérer dans un pays déjà secoué par une rébellion séparatiste dans ses régions anglophones », prévient ICG.

L’Union européenne et l’Union africaine ont déploré la violence de la répression des autorités. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a appelé à l’ouverture d’une enquête.

Source: Agence France-Presse

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