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Cameroun: Paul Biya de nouveau réélu, son principal adversaire dénonce une « mascaraed »

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À 92 ans, Paul Biya ne se contente plus de gouverner : il incarne une permanence. Réélu avec 53,66 % des voix, selon le verdict officiel, il prolonge un règne amorcé en 1982. Une victoire attendue, presque rituelle. Mais derrière cette façade de légitimité, le sol camerounais se fissure. Le pouvoir devient permanence au Cameroun, verrouillé depuis plus de quatre décennies et désormais contesté dans sa forme même.

Issa Tchiroma Bakary, figure montante de l’opposition, rejette les résultats. Il parle de « mascarade », d’un simulacre électoral orchestré par une dictature enracinée. Ce n’est plus une simple contestation : c’est une rupture de récit. Le peuple, divisé entre résignation et révolte, entrevoit les limites d’un système figé dans la répétition.

Dans les rues de Douala et Garoua, les cris montent, les corps tombent. Le peuple divisé entre résignation et révolte. Tandis que le Conseil constitutionnel proclame, les manifestants réclament.

Le Cameroun ne s’est pas seulement exprimé dans les urnes, il s’est levé dans les places. Et ce qui se joue dépasse une élection : c’est la bataille pour la vérité, pour la fin d’un cycle, pour l’émergence d’un autre récit.

Paul Biya, 92 ans, reste le plus vieux chef d’État en exercice. Depuis plus de vingt ans, il rafle les scrutins avec plus de 70 % des voix. Cette fois, il décroche un huitième mandat.

Les analystes s’y attendaient. Le système est verrouillé, dénoncent ses opposants. Quarante-trois ans de pouvoir, sans alternance. Le verdict semblait écrit d’avance.

Scrutin plus serré que prévu. Paul Biya l’emporte avec 53,66 %. Issa Tchiroma Bakary suit avec 35,19 %. Le Conseil constitutionnel publie les chiffres lundi. L’écart surprend. L’opposition y voit une percée. Le régime minimise. Mais les lignes bougent.

– « Je l’ai battu » –

Issa Tchiroma Bakary rejette les résultats. Il parle de « mascarade », accuse une « dictature pure et dure ». Selon lui, il a remporté « 65 à 70 % » des voix. Le peuple le sait, affirme-t-il. Le Conseil constitutionnel, lui, proclame Biya vainqueur. Le fossé se creuse. La rue s’agite.

Le candidat a déploré « deux morts » après la proclamation des résultats parmi des manifestants regroupés autour de son domicile de Garoua dans le nord du Cameroun.

« Une dizaine de snipers » sont postés sur les toits, a-t-il affirmé à l’AFP. Un journaliste de l’AFP présent sur place a vu un homme se faire tirer dessus. L’AFP n’a pas pu confirmer sa mort.

Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de M. Biya, s’est autoproclamé victorieux face au président sortant après le scrutin du 12 octobre et a appelé les Camerounais à sortir massivement pour défendre sa victoire lors de « marches pacifiques ».

Dimanche, quatre personnes sont décédées dans la capitale économique Douala, lors de manifestations de soutien à l’opposant, a annoncé le gouverneur de la région du Littoral. Les forces de sécurité ont commencé par une salve de gaz lacrymogène avant de tirer « à balle réelle », selon des manifestants interrogés par l’AFP.

La participation s’est élevée à 46,31 %, selon les résultats du Conseil constitutionnel proclamés 15 jours après le scrutin.

Cabral Libii est arrivé troisième avec 3,41 %, suivi de Bello Bouba Maïgari avec 2,45 %, et Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, la seule femme candidate, avec 1,66 %.

Les huit autres candidats n’ont pas obtenu plus de 1% des suffrages.

Paul Biya est le deuxième chef d’État à diriger le Cameroun depuis son indépendance de la France en 1960, et a gouverné en réprimant toute opposition, survivant aux bouleversements économiques et à un conflit séparatiste depuis 2016 dans les deux régions anglophones du pays.

– « Résultats falsifiés » –

Les rassemblements ont été interdits et la circulation restreinte dans la plupart des grandes villes du pays jusqu’à l’annonce des résultats de cette élection à un tour.

À Garoua, fief de Tchiroma, « 1 000 personnes » campent devant le domicile de M. Tchiroma, selon ce dernier.

« Je leur demande de rester dans le calme et de faire bouclier humain pour ma protection », a indiqué le candidat à l’AFP. « Mon corps vivant ne sortira pas de ma maison », a-t-il poursuivi.

Depuis la semaine dernière, des partisans d’Issa Tchiroma sont descendus sporadiquement dans la rue pour revendiquer la victoire au scrutin présidentiel.

Le candidat avait appelé mercredi dernier les Camerounais à manifester si le Conseil constitutionnel venait à proclamer des « résultats falsifiés et tronqués ».

Aux premières heures de la matinée lundi, des patrouilles mixtes de police et de gendarmerie ont été postées aux principaux carrefours de la capitale Yaoundé, tandis que des véhicules blindés stationnent à proximité des zones jugées sensibles.

La police affirme vouloir « garantir la sécurité du processus électoral et prévenir tout débordement ».

Dans plusieurs quartiers de Yaoundé, de nombreuses boutiques et stations-service ont gardé leurs rideaux baissés, par crainte de troubles. Les transports en commun fonctionnent au ralenti et la circulation y est inhabituellement fluide.

 

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