Né dans les rues camerounaises, le camfranglais ne se limite pas à l’humour ou à la musique. Dans certains quartiers, il devient un langage stratégique dans la drague, les deals ou la délinquance chez les jeunes.
Dans les rues de Douala, Yaoundé ou Bafoussam, le camfranglais structure les discussions entre jeunes, loin du regard des adultes. Ce langage mélange le français, l’anglais et les langues locales, pour contourner les normes et rester discret dans certains milieux. De contourner les normes et s’exprimer librement dans les espaces urbains tendus.
« Quand on talk en camfranglais, les darons captent rien », rigole Max, 17 ans, accoudé à un mur de son cartier Bépanda. Dans la rue, au lycée ou dans les snacks, les jeunes passent facilement du français au camfranglais sans même réfléchir.
« Si tu dis ‘go en bled’, c’est pas un voyage. C’est genre, tu vas caler une go en secret. Certains mots comme « sauce », « ndem », « dosé » ou « wet case » cachent des affaires que les adultes ne doivent entendre », Bryan, 19 ans, .
« Le ndem est sauce, man », lâche un gars à moto. Il vient de parler d’un vol raté, sans alerter personne. Le langage change souvent. « Si tout le monde comprend, on switch direct. On n’aime pas quand les vieux décryptent nos bails », a t-il ajouté.
Les jeunes l’utilisent aussi pour séduire. » Quand je veux gérer une go, je la vibe en camfranglais, ça passe mieux, » dit Shéryl, 27 ans. Dans les réseaux sociaux comme WhatsApp, TikTok ou dans les vocaux, ce parler est roi. Il passe partout, rapide, stylé, difficile à décoder. « Les profs nous disent d’arrêter, mais on ne peut pas. C’est notre manière de feel libre et talk entre nous « , glisse Josué, 17 ans.
Parler camfranglais c’est se protéger
Parler camfranglais, c’est se protéger, mais aussi se faire respecter dans le quartier. « Si tu ne parles pas, t’es out ». Certains l’appellent une langue de survie. D’autres, une rébellion douce contre l’autorité, l’école et les normes adultes étouffantes. Le camfranglais n’est pas figé. Il bouge, s’adapte, évolue avec les réalités de la jeunesse urbaine en mouvement constant.
C’est une langue codée, vivante, drôle, parfois violente, mais toujours enracinée dans la rue et les galères quotidiennes. Derrière les blagues, elle traduit une vraie stratégie : survivre, aimer, commercer et rêver dans un monde qui écoute mal. Le camfranglais, c’est l’arme douce des jeunes Camerounais, entre rires, secrets, et résistances.
















