L’ultime obstacle à la formation du nouveau gouvernement allemand dirigé par Friedrich Merz est désormais levé après l’annonce mercredi de l’approbation par les adhérents du Parti social-démocrate (SPD) du projet de coalition gouvernementale.
Le conservateur de 69 ans, très attendu par ses pairs européens dans un contexte de bouleversement géopolitique, doit être officiellement élu au poste suprême de chancelier mardi 6 mai par les députés du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, et son équipe gouvernementale constituée.
Son camp conservateur de la CDU/CSU, vainqueur des élections législatives du 23 février, a décidé de nouer une alliance avec le SPD, excluant toute collaboration avec l’extrême droite (AfD) arrivée en deuxième position.
Les membres du SPD ont voté à une très large majorité des voix, 84,6%, en faveur du contrat de coalition déjà négocié et fixant les priorités politiques des quatre ans à venir, a annoncé le plus vieux parti d’Allemagne.
Les défis sont nombreux pour Friedrich Merz, ancien rival d’Angela Merkel sans expérience gouvernementale, qui prendra les commandes de la première puissance économique européenne à un moment où l’allié américain est devenu imprévisible sous l’administration de Donald Trump et la menace russe s’accroît.
Ce bouleversement contraint aussi bien l’Allemagne que l’Europe à dépenser davantage pour leur défense face à la menace russe.
Il s’en est d’ores et déjà donné les moyens en faisant adopter un programme d’investissements géants de plusieurs centaines de milliards d’euros pour réarmer et moderniser le pays. Et en assouplissant pour ce faire les sacro-saintes règles nationales limitant les déificts publics.
– Rôle de leader en Europe –
Il a assuré lundi que son pays assumerait « à nouveau », après des années de retrait sous le gouvernement d’Olaf Scholz, « ses responsabilités de leader en Europe et avec les autres membres de l’Union européenne ».
Dès le 7 mai, celui qui a promis de relancer le moteur franco-allemand, là aussi jugé quelque peu négligé par le chancelier sortant, doit se rendre à Paris pour sa première visite comme chef de l’exécutif, a récemment annoncé l’Elysée.
Dans le nouveau gouvernement, le poste clé des Finances reviendra à un social-démocrate, Lars Klingbeil, co-président du parti, qui sera aussi vice-chancelier, a annoncé mercredi le secrétaire général du parti Matthias Miersch.
L’identité des six autres ministres sociaux-démocrates, parmi lesquels devrait figurer le très populaire Boris Pistorius, déjà titulaire du portefeuille de la Défense sous Olaf Scholz, devrait être officiellement annoncée lundi 5 mai, a ajouté M. Miersch.
Friedrich Merz a lui déjà annoncé son équipe, avec notamment aux Affaires étrangères un ardent défenseur du soutien à l’Ukraine, Johann Wadephul, 62 ans, un ancien soldat et longtemps député.
Le soutien sans faille à Kiev face à l’invasion russe fait partie des priorités du futur gouvernement.
« Le combat de l’Ukraine contre l’agression de la Russie est aussi un combat pour le maintien de la paix et la liberté dans notre pays », avait encore souligné M. Merz lundi.
– « Menace » de l’extrême droite –
Ce dernier devra aussi tenir ses promesses de campagne sur une réduction de la migration, après plusieurs attaques meurtrières ayant impliqué des étrangers et qui ont favorisé le score historique de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) aux élections.
Et il entend agir vite. « Toute personne qui tente d’entrer illégalement en Allemagne doit s’attendre, à partir du 6 mai, à être refoulée à la frontière allemande », a déclaré son bras droit Thorsten Frei au groupe de media Funke mercredi.
Autre grand chantier: résoudre la crise du modèle industriel allemand, qui frappe de plein fouet le secteur crucial de l’automobile, exacerbée par l’augmentation des droits de douane décidée par Donald Trump.
L’économie toujours en berne après deux ans de récession alimente aussi la montée en puissance de l’AfD qui a dépassé les conservateurs dans de récents sondages et représente pour Friedrich Merz une autre « menace » pour la stabilité de l’Allemagne.
Mercredi a toutefois apporté une rare nouvelle positive sur le front économique puisque le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une légère hausse meilleure que prévu de 0,2% au premier trimestre 2025, selon les statistiques officielles.
Source : Agence France-Presse