Lundi, des voix graves se sont élevées : des familles — mères, tuteurs, grands‑parents — dénoncent un silence organisé autour des enfants ukrainiens enlevés. Les forces russes ont arraché ces enfants à leurs quartiers, à leurs noms et à leurs racines, puis les ont déplacés en Russie.
Les proches frappent à des portes qui restent closes. Ils voient le temps effacer les preuves, recomposer les identités, dissoudre les traces. Ils appellent le monde à rompre ce silence.
Pour eux, il ne s’agit pas seulement de papiers ou de procédures : c’est la conservation d’une mémoire, d’un nom, d’un lien filial. Sans réponse internationale, disent‑ils, ces enfants risquent de disparaître doublement — d’un pays et d’une histoire.
Ils demandent justice, retour et reconnaissance. Ils demandent que la solidarité internationale devienne acte et passage, et non plus seule parole.
– Appel à l’aide après des adoptions forcées –
Darina Repina a tenu une rare conférence de presse à Paris. Tutrice légale de deux enfants enlevés et emmenés en Russie après l’invasion de 2022, Darina Repina dénonce le refus systématique des autorités russes de traiter les demandes de retour. Darina Repina déclare que les autorités ont ignoré toutes les démarches engagées et qu’« il n’y a aucun espoir d’être entendus ».
Mme Repina a déclaré lors de la conférence organisée par la Fondation Émile qu’« il n’y a aucun espoir d’être entendus ». S’adressant aux journalistes, Darina Repina a accusé les autorités de fermer toute porte au retour des enfants. Elle a exhorté la communauté internationale à ne pas rester sourde.
Margarita Prokopenko avait 10 mois lorsqu’on l’a arrachée à son orphelinat à Kherson en 2022. Les forces russes ont emmené Maksim en même temps que sa sœur et les ont déplacés durant l’occupation. Les proches dénoncent une prise forcée et une disparition administrative.
Les autorités russes ont séparé la fratrie : elles ont placé Maksim, six ans, dans un orphelinat, tandis que Margarita a été adoptée par la famille de Sergueï Mironov, proche de Vladimir Poutine.
Mme Repina affirme que les autorités russes ont cherché à donner une nouvelle identité à Margarita. « Ils ont changé le nom et le prénom de l’enfant, ils ont absolument tout changé ! » a‑t‑elle déclaré. Elle craint de ne jamais revoir la petite.
M. Mironov a nié avoir adopté Margarita Prokopenko. Il a publié un message sur les réseaux sociaux en 2023, affirmant que des « services spéciaux ukrainiens et leurs superviseurs occidentaux » cherchent à le discréditer.
– 20.000 enfants enlevés, selon Kiev –
Mme Repina élève la soeur aînée des deux enfants et espère qu’un jour la famille sera réunie. Elle se préparait à ramener les deux plus jeunes enfants chez elle lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, a-t-elle dit. Les autorités ont déchu la mère de ses droits parentaux depuis l’enlèvement des enfants.
Les autorités russes ont emmené en Russie les petits‑enfants de Lioubov Burina, Angelina et Yevhen, après le début de l’invasion. Placés temporairement dans un orphelinat de Kherson en raison d’une crise familiale, ils avaient respectivement trois ans et un an au moment de leur enlèvement.
Ils avaient respectivement trois et un an au moment de leur enlèvement, a-t-elle précisé. Tous ses efforts pour retrouver ses petits-enfants sont restés vains.
Selon les dernières informations, les enfants se trouvent à Simféropol, en Crimée annexée par la Russie, a-t-elle indiqué. « Nous avons contacté la police et les services sociaux », a dit cette femme de 55 ans.
Kiev affirme que les autorités russes ont forcé près de 20 000 enfants ukrainiens à partir vers la Russie ou les territoires occupés depuis 2022, et que ce total pourrait être sous‑estimé.
L’Ukraine a fait des enfants enlevés une priorité diplomatique. Mariam Lambert, cofondatrice de la Fondation Émile, déplore l’exclusion fréquente des proches et tuteurs légaux des discussions internationales sur leur sort.
– « Donnons-leur la parole » –
Le sujet, a-t-elle ajouté, est devenu trop politisé. « Nous avons donc décidé de le rendre public. »
« Les célébrités en parlent, les politiciens en parlent, mais pas les mères », a-t-elle confié à l’AFP. « Il est temps de leur donner la parole! »
Son organisation, fondée aux Pays-Bas, a, dit-elle, permis le retour de 48 enfants en Ukraine.
La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine et Maria Lvova‑Belova. La Cour pénale internationale vise Vladimir Poutine et Maria Lvova‑Belova pour des allégations d’enlèvement d’enfants ukrainiens. La mesure marque une étape judiciaire majeure dans le dossier.
La Russie affirme avoir déplacé certains enfants ukrainiens pour les protéger de la menace d’hostilités.
Les autorités russes prétendent que ces enfants « n’ont pas de famille » et qu’on leur offre « une belle vie ici en Russie », dénonce Mariam Lambert.
Or, assure-t-elle, ce discours est « totalement faux »: tous les enfants déportés en Russie ont de la famille en Ukraine.
« Chaque enfant de ces orphelinats a une mère, une grand-mère, une soeur ou un père », fait-elle valoir.
La Fondation Émile n’a pas de contact direct avec le gouvernement russe. Elle affirme avoir sollicité l’aide de pays tiers liés à Moscou. Parmi eux : les États‑Unis, la Slovaquie et le Brésil. La fondation espère que ces relais feront pression et obtiendront des réponses.
Source: Agence France-Presse
















