Le 2 octobre 2025, à l’occasion de la Journée international de la non violence, la mairie de Douala 3e a accueilli un séminaire organisé par l’association HOPE’N SMILE. Objectif recherché: sensibiliser sur l’éducation positive et dénoncer les dérives liées aux châtiments corporels.
C’est dans la salle de la mairie de Douala 3e que s’est tenue cette rencontre, réunissant enseignants, parents, associations et experts le 2 Octobre 2025. Le séminaire thématique sur les « Droits des enfants, éducation et punition positive » visait à alerter sur la persistance des violences éducatives dans les familles et les écoles camerounaises, et à présenter des alternatives fondées sur le respect et la bienveillance.
Les échanges ont mis en lumière les conséquences psychologiques, sociales et culturelles de ces pratiques. Pour commencer, le juriste Pr Biboum Bikai a rappelé que la loi ne condamne pas la correction tant qu’elle reste limitée. Les abus sont sanctionnés, mais une punition ponctuelle et pédagogique peut être tolérée. Son témoignage personnel illustre la nuance : la peur provoquée par certaines méthodes ne remplace jamais le respect.
« La peur ne remplace jamais le respect »
Ainsi, il a illustré son propos par son expérience personnelle : lorsqu’il grandissait, il subissait parfois des corrections sévères de sa mère, inspirant la peur, tandis que les rares fouettés de son père, bien dosés et respectueux, lui enseignaient la discipline avec dignité. Cette nuance montre que la peur ne remplace jamais le respect et que la pédagogie peut passer par des limites strictes, mais mesurées.
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En complément, la psychologue Fiona Enyieme a alerté sur les conséquences de la maltraitance : traumatismes précoces, troubles du développement, pertes d’estime de soi et comportements violents à l’âge adulte. Selon elle, plus la violence est précoce et répétée, plus elle déstructure l’enfant. Elle a insisté sur la nécessité de reconnaître les signes de stress chez les plus jeunes et d’y répondre sans brutalité.
Les racines culturelles
Dans un autre registre, l’anthropologue Dr Bernard Bitouga a analysé les racines culturelles de ces violences : « La persistance des violences éducatives trouve sa source dans la conception traditionnelle de l’enfant comme propriété des parents. Cette vision, héritée des générations passées, conduit à reproduire des schémas de socialisation violents. Aujourd’hui, il faut repenser l’éducation en tenant compte des droits et des besoins de l’enfant », a-t-il martelé.
Un écho concret chez les parents
Ces constats trouvent un écho concret chez les parents, comme Rosalie, mère de deux enfants, qui a partagé son expérience : « J’ai souvent frappé ma fille avec une spatule en bois quand elle me défiait. Ce séminaire m’a fait comprendre que je dois changer de méthode pour ne pas perdre ma fille. » Son récit illustre combien la prise de conscience des parents est essentielle pour protéger l’enfance.
Une mobilisation citoyenne
La présidente de HOPE’N SMILE, Aline Bidjedje, a expliqué que l’initiative de ce séminaire est née du manque de voix portant le discours sur les droits des enfants. L’actualité explosive des cas de maltraitance, comme celui de la petite Mercy, les a poussés à agir rapidement. Consciente que la sensibilisation seule ne suffit pas, la présidente a souligné l’importance de collaborations avec les autorités pour renforcer et pérenniser ces initiatives
Collaborer avec les ministères
« Pour que l’éducation positive s’enracine durablement dans nos communautés, nous pensons d’abord, pérenniser ce type de séminaire. Ensuite, nous envisageons de collaborer avec les ministères de tutelle, comme le Ministère de la Femme et de la Famille et le Ministère des Affaires Sociales. Il est question pour nous, de porter le plaidoyer afin que ces actions soient multipliées et ressenties dans toutes les sphères.. À plus long terme, nous irons conquérir les zones rurales et reculées, où les populations ne sont pas exposées à ce type de discours sur l’éducation des enfants. C’est justement là que les pratiques néfastes de violence, sous le poids de la culture ou de l’éducation, encore très présentes», pour parler comme Aline Bidjedje.
Ainsi, le séminaire a rappelé que l’éducation positive n’est pas seulement une alternative aux châtiments corporels, mais une voie vers une société plus juste et plus humaine, où chaque enfant peut grandir en sécurité, respecté et épanoui.