Jeudi, face à une affaire de corruption gouvernementale en Ukraine, le président Zelensky a tranché. Il a sanctionné un homme d’affaires proche, accusé d’avoir orchestré le scandale. Il a choisi l’autorité plutôt que la loyauté.
Ce geste marque un tournant : l’ombre de la guerre ne suffit plus à justifier les silences. Face à l’effondrement moral qui menace l’État, le chef de l’exécutif tente de restaurer la confiance, quitte à sacrifier ses proches.
Dans ce bras de fer entre loyauté privée et devoir public, c’est l’image d’un pouvoir en quête de rédemption qui se dessine.
Timour Minditch, 46 ans, est dans le viseur. Avec un autre homme d’affaires, il est au cœur du scandale. L’enquête s’accélère. Le décret présidentiel ordonne le gel de leurs biens. Ces sanctions frappent au cœur du scandale.
M. Minditch aurait monté un réseau de corruption dans l’énergie. Montant des pots-de-vin : 100 millions de dollars. Des ministres et hauts responsables seraient impliqués. Le scandale secoue l’appareil d’État.
L’homme a quitté l’Ukraine juste avant le scandale. Il est copropriétaire de la société fondée par Zelensky, ex-humoriste devenu président. Le lien personnel rend l’affaire explosive.
Le scandale survient au pire moment. Les frappes russes ont ravagé le réseau énergétique. Résultat : des coupures de courant, alors que l’hiver approche. Le pays vacille.
Pour Zelensky, c’est l’une des pires crises depuis février 2022. Depuis l’invasion russe, jamais son pouvoir n’a été aussi fragilisé. Le scandale frappe au cœur de l’État.
– Pressions internationales –
L’inquiétude monte à Kiev. Des voix redoutent la réaction des alliés européens. Le scandale pourrait fragiliser le soutien occidental, pourtant vital à l’effort de guerre.
Le silence officiel de l’Union européenne tranche avec les murmures en coulisses. À Kiev, une source européenne, protégée par l’anonymat, exprime une double exigence : d’un côté, une volonté ferme de voir l’État ukrainien purger ses rangs des éléments corrompus ; de l’autre, une reconnaissance implicite — ce scandale, aussi dévastateur soit-il, prouve que les mécanismes de lutte contre la corruption sont bel et bien actifs.
Dans cette ambivalence, l’Europe observe, jauge et attend des actes. Car au-delà des mots, c’est la crédibilité d’un pays en guerre qui se joue.
Viktor Orban frappe fort. Jeudi, sur Facebook, le Premier ministre hongrois a dénoncé un « réseau mafieux ukrainien de guerre » lié à Zelensky. Une attaque directe, dans la lignée de ses critiques contre l’aide européenne à Kiev.
Berlin hausse le ton. Jeudi, lors d’un appel avec Zelensky, le chancelier Friedrich Merz a exigé une lutte « énergique » contre la corruption. L’Allemagne, principal bailleur européen, veut des garanties.
Le FMI met la pression. Kiev espère un nouveau prêt. Mais pour l’obtenir, il faudra prouver que la lutte contre la corruption est réelle. Pour les donateurs, c’est une réforme centrale.
– « Pété un câble » –
Zelensky n’a rien vu venir. Zelensky a été pris de court. Un haut responsable ukrainien, interrogé par l’AFP, confirme que le président n’avait rien anticipé. Le choc est brutal. Le choc est réel, même au sommet de l’État.
Zelensky a explosé en apprenant les faits. « Il ne trouve pas ça normal », confie un proche. Le président soutient l’enquête. Le gouvernement promet de coopérer.
Le président a frappé fort. Selon une source proche, il a pris « les mesures les plus dures possibles » : sanctions immédiates et demande de départ pour deux ministres. Il agit dans les limites de ses pouvoirs.
« Le président n’a pas parlé avec Minditch » depuis l’éclatement de cette affaire, a encore affirmé le responsable.
« Il n’y a rien à discuter. Qu’il parte. Il a causé assez de dégâts », a-t-il lâché, furieux.
Minditch aurait influencé des décisions au sommet de l’État. Sont cités : Roustem Oumerov, ex-ministre de la Défense et actuel secrétaire du Conseil de sécurité, ainsi que le vice-Premier ministre Oleksiï Tchernychov. Le scandale gagne les hautes sphères.
Deux ministres tombent. Mercredi, Svitlana Gryntchouk (Énergie) et Guerman Galouchtchenko (Justice) ont démissionné. Zelensky leur a demandé de partir après la révélation du scandale.
– Visite auprès des troupes –
La chute s’accélère. Guerman Galouchtchenko, ex-ministre de l’Énergie, aurait profité personnellement du scandale. Il aurait cédé à Timour Minditch le contrôle des flux financiers du secteur énergétique en échange d’avantages.
Ce soupçon ne touche pas seulement un homme — il révèle un mécanisme, une complicité, une logique de troc au sommet de l’État. Et dans ce jeu d’influence, c’est l’intérêt national qui semble avoir été monnayé.
Svitlana Gryntchouk n’est pas mise en cause pour corruption. Mais selon des médias ukrainiens, elle est proche de Guerman Galouchtchenko. Ce lien soulève des questions.
Zelensky s’est rendu à Zaporijjia. Ce matin, il a visité les troupes engagées dans le sud, cible d’une nouvelle offensive russe. Un geste fort, en pleine tempête politique.
Source Agence France-Presse
















