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Ambitions américaines en Arctique : Copenhague et Bruxelles dressent une ligne rouge

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Lundi, face aux ambitions américaines en Arctique, les responsables de l’Union européenne ont parlé d’une seule voix. Leur message, ferme et sans détour, dépassait le simple geste diplomatique : ils affirmaient leur solidarité totale avec le Danemark.

Car derrière l’annonce du président américain Donald Trump — la nomination d’un envoyé spécial pour ce vaste territoire autonome danois qu’il avait déjà menacé d’annexer — se jouait autre chose.

Une épreuve de souveraineté. Un bras de fer symbolique entre puissances, où chaque mot pèse, où chaque geste redessine les équilibres. En soutenant Copenhague, l’UE ne défendait pas seulement un partenaire.

Elle défendait une idée : celle que les frontières, les autonomies et les alliances ne se négocient pas sous pression. Une manière de rappeler que, dans ce jeu de forces, l’Europe entend encore tenir son rang.

Copenhague a de son côté convoqué l’ambassadeur des États-Unis.

« Je suis profondément indigné par cette nomination et par cette déclaration, totalement inacceptables », a réagi le ministre danois des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen.

– Copenhague trace sa ligne rouge –

Dans un entretien à la chaîne TV2 Danemark, il a dénoncé une démarche qu’il juge provocatrice et inutile.Selon lui, Copenhague ne laissera passer aucune remise en cause de sa souveraineté.

« Nous avons convoqué aujourd’hui l’ambassadeur des États‑Unis au ministère des Affaires étrangères, avec le représentant du Groenland. Nous y avons tracé une ligne rouge très claire et demandé des explications », a‑t‑il indiqué plus tard à la radio‑télévision publique DR. Un geste diplomatique fort.

« Tant que notre royaume réunit le Danemark, les îles Féroé et le Groenland, nous ne pouvons pas accepter que certains sapent notre souveraineté », a‑t‑il prévenu. Un avertissement lancé sans détour.

« L’intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes fondamentaux du droit international », ont réaffirmé sur X la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Antonio Costa. Un rappel net, destiné à cadrer le débat.

« Ces principes sont essentiels non seulement pour l’Union européenne mais aussi pour les nations du monde entier », ont-ils réaffirmé.

– « On ne peut pas annexer un autre pays » –

Le Premier ministre groenlandais, Jens‑Frederik Nielsen, et la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, ont publié une déclaration commune. Ils y rappellent que « les frontières nationales et la souveraineté des États reposent sur le droit international ». Un rappel ferme, adressé à ceux qui voudraient tester les limites.

« On ne peut pas annexer un autre pays. Pas même en invoquant la sécurité internationale », ont martelé les deux chefs de gouvernement, ajoutant qu’il faut attendre « le respect de notre intégrité territoriale commune ».

Dans un message sur Facebook adressé aux Groenlandais, M. Nielsen a estimé que la nomination d’un envoyé spécial américain ne changeait « rien pour nous ici chez nous ». « Nous déterminerons notre avenir nous-mêmes. Le Groenland est notre pays », a-t-il affirmé, rappelant que « le Groenland appartient aux Groenlandais ».

– Le Groenland au cœur d’un nouvel affrontement géopolitique –

Le président américain a annoncé dimanche la nomination du gouverneur de la Louisiane (sud-est des États-Unis), le républicain Jeff Landry, au poste d’envoyé spécial des États-Unis au Groenland.

« Je suis heureux d’annoncer que je nomme le gouverneur de la Louisiane, Jeff Landry, au poste d’envoyé spécial des États‑Unis au Groenland », a‑t‑il écrit sur son réseau Truth Social. Une annonce pensée pour frapper fort.

« Jeff sait à quel point le Groenland est crucial pour notre sécurité nationale. Et il défendra avec force les intérêts du pays, pour la sûreté, la sécurité et la survie de nos alliés, et même du reste du monde. »
Un message calibré pour afficher la détermination américaine.Félicitations, Jeff! »

Après son élection, Donald Trump avait affirmé avoir « besoin » du Groenland, notamment pour la sécurité des États‑Unis. Et il avait répété à plusieurs reprises son souhait de s’en emparer. Une ambition qui avait immédiatement suscité l’inquiétude.

Le Groenland, 57 000 habitants, soutenu par sa puissance de tutelle, a rétorqué qu’il n’était pas à vendre. Et qu’il entendait décider seul de son avenir. Un message clair, adressé à tous.

– « Formidable » pour le Groenland –

Dans un message publié dimanche sur X, Jeff Landry a remercié M. Trump. « C’est un honneur de vous servir bénévolement pour faire du Groenland une partie des États-Unis », a-t-il assuré, avant de préciser que sa nomination « n’affecte en rien » ses fonctions de gouverneur de la Louisiane.

M. Landry avait salué en début d’année l’intention du président américain d’annexer le Groenland. Donald Trump « a tout à fait raison! », avait-il écrit sur X le 10 janvier. « Nous devons faire en sorte que le Groenland rejoigne les États-Unis. Ce serait formidable pour lui, formidable pour nous! Faisons-le! »

En janvier, 85 % des Groenlandais se déclaraient opposés à une future appartenance aux États‑Unis, selon un sondage publié par le quotidien Sermitsiaq. Un rejet massif, difficile à ignorer. Seuls 6% y étaient favorables.

Pour Donald Trump, le Groenland attire d’abord par ses minerais. Et surtout par sa position stratégique, au carrefour de l’Atlantique Nord et de l’Arctique. L’île devient ainsi un atout géopolitique majeur.

Fin mars, le vice‑président américain JD Vance a provoqué un tollé. Il avait annoncé une visite dans cette immense île arctique sans y avoir été invité. L’initiative a été perçue comme une provocation diplomatique.

Face à la colère déclenchée au Groenland, au Danemark et en Europe, il avait réduit son déplacement au strict minimum.

Il s’était rendu uniquement à la base aérienne américaine de Pituffik, la plus septentrionale du pays.Un choix qui traduisait sa volonté d’éviter toute confrontation directe.

Fin août, la télévision danoise avait révélé qu’au moins trois Américains proches de Donald Trump avaient mené des opérations d’influence dans ce territoire polaire. Cette information avait immédiatement relancé les inquiétudes à Copenhague. Elle renforçait surtout l’idée d’une stratégie américaine déjà en marche.

Source: Agence France-Presse

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