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Solidarité récompensée : le prix Nansen décerné à un chef de village au Cameroun

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Solidarité récompensée : Mercredi, au Cameroun, le chef de village Martin Azia Sodea a vu son nom entrer dans l’histoire. Figure locale, il a reçu le prix Nansen du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Derrière cette distinction se dessine un récit de courage collectif : celui d’une communauté qui a ouvert ses portes à 36 000 personnes fuyant les violences en Centrafrique.

Dans un pays lui-même confronté à des défis, l’acte d’accueil prend une dimension symbolique. Il dit que la solidarité n’est pas un luxe, mais une nécessité. Il montre que, face aux fractures régionales, des villages peuvent devenir des refuges. Le prix Nansen ne récompense pas seulement un homme. Il consacre une vision : celle d’une humanité capable de résister à la peur par l’hospitalité.

– Un chef, un village, une vision universelle –

À Genève, devant l’AFP, Martin Azia Sodea a raconté l’urgence qui guidait son action. « L’idée de départ, c’était de trouver le moyen d’assurer leur survie et leur santé », confie-t-il. Ces hommes et ces femmes avaient fui la Centrafrique, franchi la frontière camerounaise pour sauver leur vie.

Dans ce contexte de détresse, l’organisation est devenue une arme de résistance. Avec l’aide du HCR et d’autres partenaires, le village s’est mobilisé. Ce récit ne dit pas seulement la logistique de l’accueil. Il révèle une vision : celle d’une communauté qui transforme la peur en solidarité, et qui fait de l’hospitalité un acte de survie collective.

Sous l’impulsion du chef Sodea et de sa famille, le village de Gado-Badzéré soutient les réfugiés centrafricains. Arrivés après les violences post-électorales de 2014 et 2021, ils ont reçu des terres pour s’installer et cultiver. Le HCR souligne que cette initiative a permis leur intégration et leur survie.

« Son leadership a fait d’un petit village un symbole de solidarité. Il repose sur une conviction simple : ceux qui arrivent en détresse doivent être soutenus et trouver un espace pour souffler », souligne le HCR.

« Nous avons voulu être en contact direct avec les réfugiés, pour qu’ils sortent de leur stress et puissent communiquer avec nous. Nous avons instauré ce vivre-ensemble. Ensuite, nous leur avons donné un terrain et construit des abris », a expliqué le lauréat.

Selon le HCR, le chef Sodea s’est inspiré d’autres autorités traditionnelles. Elles soutiennent désormais les réfugiés. Ce mouvement change la manière dont ils sont accueillis dans l’est du Cameroun.

Il recevra le prix Nansen lors d’une cérémonie prévue à Genève, le 16 décembre.

– La solidarité comme frontière commune –

Le prix Nansen, institué en 1954, incarne une mémoire et une mission. Doté de 100 000 dollars, il porte le nom de Fridtjof Nansen, explorateur polaire norvégien devenu figure universelle de la solidarité. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1922, il fut le premier Haut Commissaire pour les réfugiés.

En rappelant son héritage, la distinction ne se limite pas à une récompense financière. Elle relie l’histoire des grandes explorations à celle des combats humanitaires. Elle inscrit dans la durée l’idée que l’accueil des réfugiés est une responsabilité mondiale, et que la dignité humaine doit rester au cœur des engagements internationaux.

Quatre lauréats régionaux ont aussi été distingués par le HCR. Parmi eux, Pablo Moreno Cadena, cadre supérieur mexicain chez MABE, grand fabricant d’appareils électroménagers. Il a poussé l’entreprise à embaucher des réfugiés.

En Europe, le HCR a choisi de mettre en lumière Proliska, une organisation ukrainienne. Son action dépasse les chiffres : plus de 3,2 millions de personnes ont reçu une aide vitale, souvent dans les régions les plus exposées et les plus isolées.

Ce travail, mené dans des conditions extrêmes, illustre la force de la solidarité face à la guerre. Proliska n’a pas seulement distribué une assistance. Elle a incarné une présence humaine là où tout semblait perdu. En la distinguant, le HCR souligne que l’hospitalité et le secours ne connaissent pas de frontières. Ils deviennent des symboles de résistance et de dignité, même au cœur des zones les plus dangereuses.

– Femmes et réfugiés, bâtisseurs d’avenir –

Parmi les lauréats distingués par l’agence onusienne figure Taban Shoresh. Humanitaire engagée, militante pour les droits des femmes, elle a fondé The Lotus Flower, une organisation portée par des femmes et dédiée aux femmes et aux filles déplacées dans le Kurdistan irakien.

Son action dépasse l’aide immédiate. Elle incarne une résistance face aux violences et aux déplacements forcés. En donnant aux femmes un espace de soutien et de reconstruction, The Lotus Flower transforme la fragilité en force collective. La distinction du HCR souligne que, même dans les zones marquées par la guerre, l’hospitalité et l’émancipation peuvent devenir des symboles universels.

La liste des lauréats s’achève avec Negara Nazari. Réfugiée afghane, elle a cofondé le centre d’apprentissage Ariana au Tadjikistan. Son initiative est née d’un constat brutal : des milliers de jeunes réfugiés afghans n’avaient aucun accès à l’éducation.

En ouvrant une école, elle a brisé ce cercle d’exclusion. Son geste dépasse la transmission du savoir. Il redonne aux enfants déplacés une perspective d’avenir, une identité et une dignité. Le HCR souligne que cette action incarne la force des réfugiés eux-mêmes, capables de transformer leur propre expérience en moteur de solidarité. Dans un contexte de déracinement, l’école devient symbole de résistance et de reconstruction.

Source: Agence France-Presse

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