Vendredi, Pretoria a lancé une offensive diplomatique inhabituelle contre Washington. En dénonçant la priorité accordée aux Sud-Africains blancs dans le programme américain d’accueil des réfugiés, le gouvernement sud-africain s’attaque à ce qu’il qualifie de récit de persécution blanche discrédité — une lecture idéologique de son histoire qu’il refuse de cautionner.
Selon Pretoria, les États-Unis s’appuient sur des récits de persécution raciale « discrédités » pour justifier une sélection ethnique. Ce geste, affirme-t-elle, ravive les fantômes du passé et fragilise les efforts de réconciliation nationale.
Et surtout, il met en lumière une rupture idéologique : Pretoria veut tourner la page de l’apartheid, Washington semble vouloir en réécrire les marges.
Washington tranche. L’administration Trump limite à 7 500 le nombre de réfugiés admis cette année. Et elle réserve la majorité des places aux Afrikaners, descendants des colons européens en Afrique du Sud. Une décision qui provoque l’indignation à Pretoria.
Pretoria est sous pression. Les États-Unis lui imposent les droits de douane les plus élevés d’Afrique subsaharienne : 30 %. Depuis des mois, l’administration Trump l’accuse. Elle dénonce les politiques de discrimination positive, les prétendues persécutions contre les fermiers blancs et la procédure engagée contre Israël devant la Cour internationale de Justice. Pretoria riposte, mais le climat diplomatique se dégrade.
Pretoria recadre Washington. Dans un communiqué publié vendredi, le ministère sud-africain des Affaires étrangères affirme que l’approche américaine repose sur un postulat « factuellement inexact ». Une mise au point sèche, en réponse aux accusations de persécutions contre les Sud-Africains blancs.
Le ministère tranche. Il affirme que l’idée d’un « génocide blanc » en Afrique du Sud est largement discréditée. Aucune preuve ne l’étaye. Pretoria rejette ce récit.
– Statut des Afrikaners réfugiés aux États-Unis –
Le 7 février, Donald Trump signe un décret. Il affirme que les Afrikaners sont spoliés et persécutés en Afrique du Sud. Il leur accorde le statut de réfugié. Pretoria dénonce une manipulation politique.
En mai, une cinquantaine d’entre eux ont été accueillis aux États-Unis en tant que réfugiés. D’autres auraient gagné les États-Unis en petit nombre sur des vols commerciaux, sans que l’on sache combien exactement.
Le ministère évoque un nombre « limité » d’Afrikaners accueillis, sans détails. Il salue ceux qui, dans une lettre ouverte, ont rejeté le récit de persécution raciale. Pour Pretoria, ce narratif est infondé et dangereux.
Le programme américain est biaisé. Conçu pour accueillir les Afrikaners comme réfugiés, il repose sur une logique faussée. Le ministère sud-africain le juge « fondamentalement vicié ». La faible adhésion des intéressés en serait la preuve.
Pretoria négocie sous pression. L’Afrique du Sud cherche à réduire les surtaxes douanières imposées par Washington. Objectif : sauver une économie en crise et éviter une nouvelle vague de licenciements. Le chômage frôle déjà les 33 %. Dans ce contexte, la prise de position diplomatique sud-africaine prend un tour stratégique.
Source: Agence France-Presse
















