Nouvelle mobilisation des jeunes au Maroc. Jeudi, des dizaines de manifestants ont répondu à l’appel du collectif GenZ 212. « On attend que le roi nous parle ! », ont-ils lancé. Ils ont contesté le gouvernement et exigé des réformes dans la santé et l’éducation. Cette mobilisation précède un discours très attendu du roi Mohammed VI.
Avant les manifestations, le gouvernement a tendu la main. Il a réitéré son invitation au dialogue « pour écouter les propositions et traiter le sujet ensemble », a déclaré Mustapha Baitas, porte-parole de l’exécutif.
Depuis le 27 septembre, le collectif GenZ 212 mobilise chaque soir. Créé par des anonymes, il rassemble plus de 200 000 membres sur Discord. Ses actions réunissent, partout dans le pays, entre quelques dizaines et plusieurs centaines de personnes.
– Colère sociale, crise sanitaire, attente d’un tournant royal –
La police a arrêté des dizaines de manifestants. Certaines mobilisations ont dégénéré en heurts et en actes de vandalisme. La semaine dernière, un affrontement avec les gendarmes près d’Agadir a coûté la vie à trois personnes.
« Le message est reçu » et le gouvernement « travaille pour mobiliser les ressources et identifier les déficits à combler », a promis M. Baitas, appelant GenZ 212, mouvement sans chef ni affiliation politique, à envoyer ses représentants pour entamer une discussion.
En guise de réponse, des dizaines de jeunes se sont réunis de nouveau à Rabat, Casablanca ou Tanger.
À Rabat, ils ont appelé à « faire tomber la corruption », selon des journalistes de l’AFP.
« On n’a plus confiance dans le gouvernement. On attend que le roi nous parle, il doit sauver son peuple », a confié à l’AFP Raghd, une ingénieure du son de 23 ans, qui n’a pas voulu donner son nom de famille.
Ses parents cumulent deux emplois. Objectif : financer l’école privée de leur fille cadette. Selon elle, « l’école publique n’est pas bonne ».
Mohammed VI doit prononcer vendredi un discours à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire.
– « situation grave » –
Mercredi, une soixantaine de personnalités ont pris position. Elles ont soutenu le mouvement GenZ 212. Ensemble, elles ont appelé le roi à engager « des réformes de fond ».
« La situation est très grave, il y a un délabrement de l’infrastructure sociale. Il faut que le roi intervienne pour trouver une solution politique. Sinon ça va produire de la violence », a expliqué à l’AFP l’historien Maati Mounjib, signataire de l’appel, croisé dans la manifestation à Rabat.
Reda a 22 ans. Il étudie la gestion des ressources humaines. Malgré les difficultés, il « essaye d’être optimiste et d’avoir foi dans notre roi ». En revanche, il conteste ouvertement le gouvernement mené par le Premier ministre Aziz Akhannouch.
« On n’a plus confiance dans le gouvernement, ça ne va pas marcher s’il reste », selon lui.
– Crise sanitaire, colère citoyenne, réformes en suspens –
À Agadir, huit femmes enceintes sont mortes mi-septembre à l’hôpital public, après avoir été admises pour des césariennes. Ce drame a déclenché une vague de protestations dans tout le pays.
Jeudi, GenZ 212 a publié un nouveau document exposant ses revendications dont le limogeage du gouvernement et la « lutte anti-corruption ».
Le ministre a réclamé un plan d’urgence. Objectif : recruter médecins et personnels de santé, surtout dans les zones reculées. Il demande aussi la rénovation des hôpitaux. Enfin, il propose de relever le taux de remboursement de l’assurance-maladie, passant de 50 % à 75 %.
Au Maroc, les cliniques privées se multiplient à grande vitesse. En revanche, les hôpitaux publics restent saturés. Ils manquent de personnel, d’équipements de base et de moyens. Mardi, le ministre de la Santé, Amine Tehraoui, a reconnu cette situation critique.
Depuis 2022, le gouvernement a lancé plusieurs réformes. Il prévoit la rénovation et la construction de 22 hôpitaux. En parallèle, deux nouveaux CHU viendront s’ajouter aux cinq déjà en activité. Enfin, 1 400 établissements seront réhabilités d’ici fin 2025.
Source: Agence France-Presse