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Crise à Madagascar : un militaire nommé Premier ministre

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Trans Afrique

Le président malgache Andry Rajoelina a procédé lundi à la nomination d’un militaire Premier ministre, dans une tentative de reprise en main face à une crise politique persistante. À Antananarivo, plus d’un millier de manifestants ont été dispersés par les forces de sécurité. Un blessé a été signalé. Le choix du général Ruphin Fortunat Zafisambo marque un tournant. En effet, le pouvoir cherche à restaurer l’ordre et à contenir la colère populaire. Par conséquent, la rue s’organise et les revendications s’intensifient.

Une semaine après le renvoi de son gouvernement pour tenter de calmer la contestation ayant embrasé cette île particulièrement pauvre de l’océan Indien, le chef de l’Etat a désigné Premier ministre un général de l’armée de terre largement méconnu du grand public, Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo.

Le choix de cet homme, ex-manager général de la fédération malgache de basket mais surtout directeur de cabinet de son prédécesseur il y a quelques années, suffira-t-il à faire cesser le bruit des grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes à Antananarivo ?

Leurs détonations ont encore résonné lundi face à deux cortèges de centaines de personnes dans une capitale malgache toujours autant militarisée, au douzième jour du mouvement de protestation qui a plongé le pays dans une crise politique aiguë.

– La Gen Z fixe l’ultimatum, la rue s’organise –

Le collectif ayant allumé l’étincelle, la Gen Z, a fixé lundi soir un « ultimatum » de 48 heures au président pour répondre à ses revendications, dans un communiqué commun avec une vingtaine d’autres organisations, sous peine de prendre « toutes les mesures nécessaires ».

Entamé le 25 septembre, le mouvement tourne à la remise en cause du pouvoir en place et notamment du chef de l’Etat Andry Rojoelina, après avoir démarré comme un ras-le-bol des coupures répétées d’eau et d’électricité.

« Il y a environ 120 heures de coupures d’électricité par semaine chez moi. On manifeste pour le bien de tous. Le président n’écoute pas la colère des gens d’en bas. Il fait toujours ce qu’il veut », bouillonne Tommy Fanomezantsoa, magasinier de 21 ans.

A la radio de la Croix-Rouge, les « Romeo » — nom de code annonçant des affrontements– ont rythmé l’après-midi. Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été blessé par un projectile tiré par les forces de l’ordre, a constaté l’AFP, et hôspitalisé.

Le collectif à l’origine de la contestation avait appelé à de nouvelles manifestations lundi, avec la Cité universitaire d’Ankatso, en périphérie de la capitale, comme point de départ.

« L’avenir de ce pays, ça va dépendre de moi, de toi, de nous tous », a harangué au micro l’un des dirigeants du mouvement.

– « Avec brutalité » –

« On voit bien que la démocratie à Madagascar n’est pas du tout respectée. « En plus, ils la détruisent avec brutalité », dénonce un meneur. Il fait référence au bilan de l’ONU : au moins 22 morts et plus de 100 blessés. Ce chiffre, révélé la semaine dernière, est fermement contesté par les autorités malgaches. Pourtant, les témoignages et les images diffusées alimentent le doute. Par conséquent, la pression monte sur le gouvernement.

Toliara s’embrase aussi Lundi, un nouveau rassemblement a secoué la grande ville du sud. Des manifestants ont brûlé des pneus sur la chaussée. Les images diffusées par les médias locaux confirment la tension. Après Antananarivo, la colère gagne du terrain. En effet, le mouvement s’étend malgré les appels au calme. Par conséquent, le pouvoir fait face à une contestation nationale.

Rajoelina admet ses torts Samedi, il a consulté syndicats, secteur privé et administration. Lundi, il a reconnu ses erreurs. « J’ai tiré une grande leçon », a-t-il affirmé. Désormais, il promet de mieux cibler les problèmes de la population. En effet, les tensions récentes ont révélé un profond malaise. Par conséquent, le président tente de reprendre la main.Il promet désormais de « mieux se focaliser sur les problèmes de la population ».

La rue exige des actes Tommy Fanomezantsoa, jeune magasinier au chômage depuis le pillage de son lieu de travail, ne mâche pas ses mots. Il refuse que le président reste enfermé dans son bureau. La population veut le voir sur le terrain. « On continuera jusqu’à obtenir un résultat », prévient-il, déterminé. En effet, la colère ne faiblit pas. Par conséquent, le pouvoir est sommé de réagir vite.

– Rajoelina tend la main, la rue reste méfiante –

Rajoelina mise sur l’efficacité Lundi, en trente minutes chrono, le président a vanté un Premier ministre « intègre, rapide, ouvert, à l’écoute ». Un profil taillé pour restaurer l’ordre et rassurer la rue.

Selon lui, cette nomination vise à restaurer la confiance et à ramener l’ordre public. De plus, il insiste sur la nécessité d’éviter les dérives observées dans d’autres pays. En effet, il évoque les scènes de pillage récentes comme un signal d’alerte.

Cette déclaration s’inscrit dans une stratégie de repositionnement politique, alors que la contestation populaire s’intensifie.

« Notre ennemi, ce n’est pas nous entre Malgaches », a-t-il exhorté. « Notre ennemi, sont la pauvreté, la corruption, l’abus de pouvoir. » Autant de récriminations de la rue.

Vendredi, le Conseil chrétien des Églises de Madagascar (FFKM) a annoncé sa disponibilité pour assurer une médiation entre le gouvernement et les contestataires. Cette initiative vise à apaiser les tensions croissantes dans le pays.

Selon Mgr Jean de Dieu Raoelison, président du FFKM, l’organisation est sollicitée par des acteurs internes et externes. Elle se propose comme figure morale, capable de rassembler les différentes parties autour d’un dialogue constructif.

En effet, cette offre s’inscrit dans la continuité de la déclaration du 26 septembre, appelant à un rapprochement national. Par conséquent, le FFKM pourrait jouer un rôle clé dans la sortie de crise. De plus, les chefs religieux insistent sur l’urgence de répondre aux besoins fondamentaux : eau, électricité, sécurité, subsistance.

Source : Agence France-Presse

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