Les négociations de paix Russie-Ukraine sont officiellement en “pause”, a déclaré vendredi le Kremlin. De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme que Vladimir Poutine cherche toujours à “occuper toute l’Ukraine”, même en cas de concessions territoriales. Ce désaccord profond illustre l’impasse diplomatique actuelle.
En quête depuis des mois d’une issue rapide au plus grave conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, le président américain Donald Trump a prévenu que sa patience à l’égard du dirigeant russe Vladimir Poutine s’épuisait « rapidement ».
Vendredi, la Russie et le Bélarus ont lancé des exercices militaires conjoints. Ces manœuvres inquiètent leurs voisins membres de l’Otan. Elles interviennent quelques jours après l’intrusion sans précédent de drones russes en Pologne. En réaction, l’alliance occidentale a annoncé le renforcement de son flanc est.
Trois ans et demi après le début de l’invasion russe, la guerre en Ukraine se poursuit sans répit. Les combats et les frappes restent intenses. Le conflit a déjà fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts. Des millions de personnes ont été déplacées.
Les efforts pour parvenir à une issue diplomatique ont, jusqu’à présent, échoué. Moscou et Kiev restent en profond désaccord sur les conditions de fin de guerre. Leurs positions divergent aussi sur les modalités d’un cessez-le-feu et la possibilité d’une rencontre entre leurs dirigeants.
Face à ce constat, le Kremlin a réagi. Vendredi, son porte-parole Dmitri Peskov a évoqué « une pause » dans les négociations. Il a toutefois laissé entendre qu’une reprise reste possible.
Lors d’un briefing, il a tempéré les attentes. « On ne peut pas voir la vie en rose et s’attendre à des résultats immédiats », a-t-il déclaré. Selon lui, le processus de négociation exige du temps et de la patience.
– Zelensky accuse Poutine de vouloir occuper toute l’Ukraine –
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky accuse Vladimir Poutine de vouloir « occuper toute l’Ukraine ». Selon lui, le chef du Kremlin ne renoncera pas à ses ambitions, même si Kiev acceptait de céder une partie de son territoire dans le cadre d’un accord de paix. Cette déclaration souligne l’impasse diplomatique actuelle.
Il a exhorté les pays occidentaux à intensifier la pression sur la Chine. Selon lui, Pékin doit user de son influence auprès de Moscou pour favoriser la fin du conflit. Cette déclaration s’inscrit dans une série d’appels à la désescalade.
Donald Trump a évoqué la possibilité de sanctions contre la Russie. Il l’a fait en l’absence d’avancées concrètes. Toutefois, il n’a pas pris d’engagement ferme, comme lors de ses précédentes déclarations.
Volodymyr Zelensky demande à rencontrer son homologue russe pour débloquer la situation, ce que le Kremlin a pour l’heure rejeté.
La Russie, qui occupe environ 20 % de l’Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales pour se protéger, idée que la Russie juge inacceptable.
– Une impasse qui fragilise les efforts internationaux –
Une vingtaine de drones ont pénétré l’espace aérien polonais dans la nuit de mardi à mercredi. Cette intrusion a provoqué une vive émotion en Pologne. Les pays occidentaux l’ont qualifiée de provocation et y voient une nouvelle source d’escalade.
La Russie a nié avoir ciblé la Pologne. Elle accuse Varsovie de ne pas avoir fourni de preuves démontrant que les drones abattus étaient russes. Face à la menace, la Pologne a mobilisé ses avions, ainsi que ceux de ses alliés de l’OTAN, pour intercepter plusieurs engins.
Vendredi, l’OTAN a annoncé le renforcement de la défense de son flanc est. Plusieurs pays de l’Alliance atlantique contribueront à ce déploiement. Parmi eux figurent le Danemark, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres. Le secrétaire général, Mark Rutte, a confirmé cette mobilisation.
Vendredi, au siège de l’ONU à New York, la Pologne et une quarantaine d’alliés ont lancé un appel à Moscou. Ils exhortent la Russie à éviter toute nouvelle “provocation”. Cette déclaration précède une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, convoquée à la demande de Varsovie.
Le ministre polonais adjoint des Affaires étrangères, Marcin Bosacki, a dénoncé les actes de la Russie. Selon lui, ils représentent « une escalade déstabilisatrice » qui rapproche la région d’un conflit « plus qu’à aucun autre moment ces dernières années ». Il s’exprimait au nom d’une quarantaine de pays, dont les 26 membres de l’Union européenne, l’Ukraine, les États-Unis, le Japon et le Canada.
– Réactions occidentales et appels à la désescalade –
Dans ce climat de tensions, la Russie et le Bélarus ont lancé, vendredi, leurs grandes manœuvres militaires. Baptisées Zapad-2025 (“Ouest-2025”), elles se déroulent dans la partie occidentale de leur alliance stratégique.
Elles se tiennent jusqu’à mardi au Bélarus et en Russie ainsi qu’en mer de Barents et en mer Baltique. Une partie a lieu dans la région bélarusse de Grodno, proche de la Pologne et de la Lituanie, selon Minsk.
Moscou et Minsk ont nié toute intention offensive. En réponse, la Pologne, la Lituanie et la Lettonie ont restreint le trafic aérien. Ces trois pays, membres de l’Otan et voisins du Bélarus, renforcent leur vigilance face aux tensions régionales.
La Pologne a fermé sa frontière avec le Bélarus. Elle prévoit le déploiement d’environ 40 000 soldats dans la zone, à l’occasion des manœuvres militaires.
L’OTAN a en revanche dit ne voir aucune « menace militaire immédiate » posée par ces exercices.
Source : Agence France-Presse