Le décès en détention de l’opposant Anicet Ekane continue de provoquer une onde de choc au Cameroun. Le professeur Jean Bahebeck, figure respectée du corps médical, dénonce une affaire qui « crie vengeance » et interpelle directement l’État.
Le Cameroun est en deuil et en colère après la disparition d’Anicet Ekane, mort après 38 jours de détention au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé. Parmi les voix qui s’élèvent, celle du professeur Jean Bahebeck résonne avec force. Dans un communiqué au ton grave, le chirurgien pointe du doigt les responsabilités de l’État et demande des comptes.
Pour lui, cette disparition n’est pas un simple fait divers. C’est « une blessure nationale » qui met en lumière de graves manquements. D’abord, la question de l’accès aux soins. Le professeur rappelle que l’état de santé d’Anicet Ekane était connu et que ses proches réclamaient une évacuation sanitaire depuis plusieurs semaines. Il juge « inacceptable » qu’un détenu malade n’ait pas reçu une prise en charge médicale adaptée.
Le médecin dénonce également un manque total de transparence autour de la détention du leader du Manidem. Selon lui, l’opacité qui a entouré son maintien au SED au-delà des 48 heures réglementaires interroge sur le respect des droits fondamentaux. Il parle même d’un « usage arbitraire du pouvoir » qui met à mal l’État de droit.
Les conditions de détention
Pour le professeur Bahebeck, cette affaire va bien au-delà d’un cas individuel. Elle révèle une situation plus large : les conditions de détention des prisonniers politiques ou d’opinion au Cameroun. Il estime que la mort d’Anicet Ekane doit servir d’électrochoc national.
Face à cela, il formule trois demandes : une enquête indépendante, transparente et crédible, pour établir ce qui s’est réellement passé ; la clarification des régimes de détention, en particulier au SED ; le respect strict des droits de l’opposition, afin que la politique ne devienne pas une menace pour la vie humaine.
« On ne peut plus accepter qu’on arrache la liberté aux hommes, puis leur souffle », insiste-t-il. Pour lui, seule la vérité pourra apaiser la douleur et restaurer la dignité que mérite chaque citoyen.















