Le gouvernement taïwanais veut augmenter de 40 milliards de dollars ses dépenses de défense sur huit ans, notamment pour développer un système anti-aérien multiple, le « T-Dome ».
Son objectif est de prévenir ou contrer une éventuelle attaque de Pékin, qui revendique la souveraineté sur Taïwan en menaçant de recourir à la force.
Le président taïwanais, Lai Ching-te, a ainsi promis d’accélérer la mise en place du « T-Dome », qualifié de « filet de sécurité » pour l’île.
Voici ce que l’on sait de ce projet:
De quoi s’agit-il ?
Comparé au « Dôme de Fer » israélien, le « T-Dome », dévoilé le 10 octobre par M. Lai, présente des caractéristiques différentes.
Il devra faire face à « un éventail de menaces bien plus large » que le système antimissiles israélien, qui se concentre sur les projectiles à courte portée, note l’analyste J. Michael Cole.
L’expert cite parmi les cibles « l’aviation de l’armée chinoise, des missiles balistiques et de croisière, et, de plus en plus, des drones ».
Taïwan dispose déjà de systèmes anti-aériens, dont ses propres Sky Bow et des Patriot provenant des Etats-Unis, en attendant d’autres armes américaines.
Le « T-Dome » les fera fonctionner ensemble avec des radars, des capteurs et d’autres technologies avancées.
« Si vous n’intégrez pas ces appareils de détection, alors ces missiles anti-aériens, qu’ils soient destinés à la riposte, à la contre-attaque ou à la lutte antidrones, ne pourront pas assurer une interception efficace, ni une coordination, ni une répartition efficaces des tirs », a estimé le ministre de la Défense taïwanais, Wellington Koo.
Le « T-Dome » comportera deux couches de protection principales: un niveau de « commandement et de contrôle » pour établir la stratégie, et un autre pour « abattre les menaces en approche », décrit Su Tzu-yun, expert militaire à l’Institut pour la Défense et la Sécurité nationale de Taipei.
Pourquoi quoi faire?
Taïwan a pu tirer des leçons de la guerre en Ukraine, notamment sur la nécessité d’être à même de protéger ses infrastructures essentielles, bâtiments résidentiels, troupes et appareils, des menaces venues du ciel.
L’île a beau s’être renforcée cette dernière décennie, dépensant des milliards dans des armes américaines, elle ne ferait pas le poids face à la Chine.
Néanmoins, être en capacité de « neutraliser » une attaque soudaine de missiles contribuerait à dissuader Pékin, pense Su Tzu-yun.
Selon lui, les navires de guerre chinois déployés près de Taïwan peuvent tirer des centaines de missiles sur les aéroports, les radars et les bases militaires taïwanais « en trois minutes ».
Et ce sans compter les centaines d’autres projectiles chinois au sol.
Quand sera-t-il prêt?
Le calendrier dépend de plusieurs facteurs, en particulier de la date de livraison par les Etats-Unis des éléments nécessaires, alors que Taïwan attend des armements américains d’une valeur de plusieurs milliards de dollars.
Le ministère de la Défense taïwanais a établi une liste de besoins avec sa proposition de budget: de l’artillerie de précision, des missiles précis à longue portée mais aussi antiballistiques et antiblindage, ainsi que des appareils sans pilote.
Cependant, il pourrait être difficile pour le gouvernement d’obtenir l’approbation du Parlement, où le parti d’opposition Kuomintang, qui souhaite un rapprochement avec Pékin, contrôle les finances avec son allié du Parti du peuple.
Mercredi, Lai Ching-te a toutefois dit viser un « haut niveau de préparation » de l’armée d’ici à 2027, des responsables américains ayant jugé qu’une attaque de Pékin serait possible à cet horizon-là.
« Finaliser l’architecture entière du +T-Dome+ avant 2027 est impossible », tempère M. Su, soulignant que la production et l’intégration des composants prendraient du temps.
Et le niveau de préparation ne dépend pas seulement du rythme des livraisons, ajoute Drew Thompson, de l’Ecole des études internationales S. Rajaratnam à l’université technologique Nanyang.
« Prennent-ils en compte les réserves de munitions de guerre? Ont-ils assez de missiles en stock? Sont-ils répartis? », s’interroge le spécialiste.
Pour que le « T-Dome » fonctionne, l’armée doit « apprendre à utiliser » ces systèmes, insiste M. Thompson.
© Agence France-Presse
















