Lundi, Amsterdam a refermé un cycle : 750 ans d’histoire, fêtés dans l’effervescence. Ville de canaux, de tolérance rugueuse, de cyclistes fulgurants, elle a traversé les siècles sans jamais perdre sa cadence. Pendant un an, la capitale a dansé avec ses fantômes et ses promesses, célébrant non seulement son âge, mais sa capacité à tenir debout, entre eau, vitesse et mémoire.
Huit siècles après sa première mention en 1275, Amsterdam vacille. La capitale, à peine un million d’habitants, affronte le surtourisme. Et elle subit une crise du logement aiguë.
À 7h50, sous une pluie battante, la maire Femke Halsema a tranché la première part. Sur la place du Dam, le gâteau de 75 mètres attendait. 7 500 parts ont été distribuées. Et toute la ville en a profité.
Chandenie Poniet s’est réveillée à 7 h. Elle a hésité : trop tôt. Puis elle a foncé à vélo. Elle voulait une part. Et elle l’a dit à l’AFP.
Elle a 27 ans. Elle travaille dans la mode. Pour elle, Amsterdam, c’est l’ambiance, les gens, l’ouverture d’esprit. Et c’est là qu’elle a grandi.
Tourisme de masse
Chaque jour, des foules débarquent à la gare centrale. Certains viennent pour les Tournesols de Van Gogh. D’autres, plus faciles à repérer, cherchent d’autres plantes. Amsterdam encaisse.
Le PvdA passe à l’offensive. À l’approche des élections de mars 2026, le parti majoritaire à Amsterdam veut frapper fort : bannir les touristes des coffeeshops du centre-ville. Het Parool l’a révélé ce mois-ci.
Près de 27 millions de visiteurs ont traversé Amsterdam en 2024. Un chiffre vertigineux, qui pousse la ville à trier. Derrière la proposition, une intention claire : dissuader ceux qui viennent pour le cannabis, pas pour la culture.
La capitale cherche à se libérer d’une image saturée, à retrouver un équilibre entre accueil et préservation. Filtrer, c’est choisir ce qu’on veut incarner.
Côté prostitution, un des autres attraits touristiques de la capitale néerlandaise, la municipalité a défini l’emplacement d’un projet de « centre érotique » controversé, destiné à remplacer cent fenêtres du célèbre Quartier rouge – sur un boulevard bordant un quartier d’affaires et proche de zones résidentielles.
Le projet, justifié par un besoin de faire diminuer les nuisances et la criminalité liées au tourisme de masse, suscite depuis sa genèse une opposition de la part des travailleuses du sexe, qui souhaitent rester derrière leurs vitrines du centre historique.
S’il est totalement approuvé, la construction de ce nouveau quartier érotique pourrait démarrer en 2031.
« La ville perd son atmosphère unique »
Pour le groupe de résidents « Amsterdam a le choix », ces tentatives de réduction du tourisme restent insuffisantes.
« Il est presque impossible de marcher sur les trottoirs à cause des longues files d’attente devant les lieux incontournables de TikTok. Petit à petit, la ville perd son atmosphère unique », ont-ils déclaré sur leur site.
En septembre, le groupe a attaqué la ville en justice. Il exige des mesures concrètes pour faire respecter la limite annuelle de 20 millions de nuitées.
La crise du logement frappe durement Amsterdam. En plus du tourisme de masse, la ville manque cruellement de logements. Ceux qui existent sont hors de prix.
« En 2024, Amsterdam était la ville où les loyers étaient les plus élevés d’Europe », explique une étude publiée sur le site de l’Institut pour la recherche en sciences sociales de l’Université d’Amsterdam.
Le prix d’une chambre dans le centre-ville se situe entre 1 500 et 2 600 euros selon le site d’information pour expatriés d’Amsterdam.
N’en déplaisent pas aux résidents, qui restent amoureux de leur ville malgré les averses à longueur d’année et les loyers exorbitants.
« Les gens sont ouverts et vous pouvez être qui vous voulez », s’exclame Esther van Berlo, 54 ans, une assiette à gâteau dans la main.
« Vous pouvez penser ce que vous voulez (…) Pour moi, Amsterdam est une forme de liberté », sourit la psychologue.
Source: Agence France-Presse
















