Après les grands mots, voici les grands remèdes. Mohamed Salah écarté par Liverpool, lundi, pour le sommet contre l’Inter Milan. Une décision lourde, survenue seulement deux jours après la sortie publique de l’attaquant, dont les propos ont secoué le club.
Ce discours, qualifié d’incendiaire, a ouvert une fracture profonde, décrite comme une « guerre civile » dévastatrice au sein du vestiaire. Ce choix n’est pas seulement sportif. Il symbolise une rupture entre l’institution et son joueur phare.
En écartant Salah, Liverpool envoie un message clair : l’ordre prime sur le talent, la discipline sur la gloire individuelle. Le match contre l’Inter devient alors plus qu’un affrontement européen : il incarne la bataille d’un club pour préserver son unité, au prix d’un sacrifice majeur.
Mohamed Salah a participé à l’entraînement collectif, lundi matin, sous le regard des médias. Mais l’ailier égyptien n’a pas pris l’avion pour l’Italie dans l’après-midi. Décision nette, contraste saisissant.
– Liverpool au bord de la rupture –
Les dirigeants de Liverpool gardent le silence. Mais l’absence de Salah en Ligue des champions parle d’elle-même. Aucun joueur n’est au-dessus du collectif. Aucun joueur n’est au-dessus de l’entraîneur.
Arne Slot l’a confirmé lundi soir en conférence de presse. « Je suis généralement calme et poli. Mais cela ne veut pas dire que je suis faible. Quand un joueur multiplie les commentaires, c’est à moi, à nous en tant que club, de réagir. Notre réaction est claire : il n’est pas là. »
Le Néerlandais a choisi de reporter la gestion de ce dossier sensible. Il n’a pas livré le fond de sa pensée. Décision différée, silence calculé.
Côté pile, Arne Slot s’est dit « convaincu qu’il y a toujours une possibilité pour un joueur de revenir ». Côté face, il a esquivé. À la question de savoir si Salah avait disputé son dernier match avec Liverpool ce week-end, il a répondu : « Je n’en ai aucune idée. Je ne peux pas répondre à cette question pour l’instant. »
Les déclarations de Mohamed Salah, samedi après le nul 3-3 à Leeds, ont provoqué un séisme. Remplaçant pour la troisième fois consécutive, l’attaquant a déclenché une onde de choc.
Mohamed Salah a vidé son sac. Situation « pas acceptable », promesses non tenues, rupture totale avec l’entraîneur. L’attaquant star ouvre la porte à un départ. « Le club m’a jeté en pâture », a-t-il lancé.
– Mise au ban –
Lundi, The Guardian a livré une analyse tranchante : Mohamed Salah ne s’est pas contenté de dénoncer son propre sort. Selon le quotidien britannique, il a entraîné avec lui toute la hiérarchie du club, son entraîneur et même ses coéquipiers qu’il prétendait aimer.
L’image est brutale : Salah ne chute pas seul, il fait tomber tout Liverpool dans la tourmente. Cette formule traduit la portée symbolique de ses propos, qui dépassent la simple critique individuelle pour devenir une mise en accusation collective.
Le vestiaire, l’encadrement et la direction se retrouvent exposés, comme si l’attaquant avait choisi de transformer sa colère en arme de destruction interne.
La presse britannique est unanime. Pour The Guardian, « l’accès de colère égocentré de Salah trahit Liverpool ». The Sun résume : « C’est soit vous me soutenez et vous virez l’entraîneur, soit vous me vendez ». The Daily Mail parle, lui aussi, de « guerre civile ».
À 33 ans, Mohamed Salah est une légende vivante de Liverpool. 250 buts en 420 matches, dont 383 comme titulaire. Une Ligue des champions en 2019. Deux sacres en Premier League, en 2020 et en 2025. Le dernier, au terme d’une saison exceptionnelle sur le plan individuel.
En 2024-25, Mohamed Salah a brillé. 29 buts, 18 passes décisives en championnat. Une contribution décisive au sacre national, acquis dès avril et célébré par une foule en liesse fin mai.
– Remplaçant contesté –
Liverpool a prolongé Salah, récompensé par une revalorisation salariale. Mais après l’été, le rendement s’est effondré : seulement quatre buts en championnat, un en Ligue des champions. Son manque d’efforts défensifs a été critiqué. Son statut d’intouchable, remis en cause.
Arne Slot a relégué Salah sur le banc contre Galatasaray et Francfort en Ligue des champions. Puis trois fois de suite en Premier League. Une seule apparition : à la mi-temps contre Sunderland (1-1). Une mise au ban inédite pour lui.
« J’avais une bonne relation avec l’entraîneur. Et soudain, plus rien. Je ne sais pas pourquoi. Mais, d’après ce que je vois, quelqu’un ne veut plus de moi au club », a lâché Salah.
Visait-il son entraîneur ? Arne Slot a esquivé lundi : « La seule personne qui peut répondre à cette question, c’est Mo lui-même. »
Source: Agence France-Presse
















