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Négociations pour Gaza : les principaux négociateurs du Hamas et d’Israël

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Les principaux négociateurs du Hamas et d’Israël se retrouvent en Égypte pour tenter de mettre fin à deux ans de guerre à Gaza. Lundi, Israël et le Hamas ont entamé des négociations indirectes à Charm el-Cheikh. Ron Dermer, proche conseiller de Benjamin Netanyahu, dirige la délégation israélienne. Face à lui, Khalil al-Hayya, figure politique du Hamas, rescapé d’une frappe israélienne à Doha. Ces pourparlers marquent une nouvelle tentative de désescalade, sous pression internationale et sur fond de tensions régionales.

– Khalil al-Hayya –

Négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya est considéré comme l’une des figures modérées du mouvement islamiste héritant de la tâche de parvenir à un accord de cessez-le-feu lors des discussions qui ont lieu à Charm el-Cheikh, en Egypte.

Grand, large d’épaules, barbe blanche soigneusement taillée, il dirige en exil le mouvement dans la bande de Gaza, un territoire resté malgré les destructions le centre de gravité du Hamas, qui y dispose de branches sécuritaires et militaires comptant des dizaines de milliers de membres.

Ce sexagénaire a survécu, avec d’autres dirigeants du Hamas, à une tentative d’assassinat d’Israël au Qatar en septembre ayant fait plusieurs morts, dont un de ses fils et son directeur de bureau.

Né en janvier 1960 à Gaza-ville, cet homme que les Palestiniens appellent Abou Ossama a grandi dans une famille conservatrice et religieuse, avant d’étudier à l’Université islamique de Gaza, puis d’obtenir une maîtrise en Jordanie et un doctorat en droit islamique au Soudan.

Khalil al-Hayya a passé trois ans dans une prison israélienne à la fin des années 1990 pour appartenance au Hamas, organisation classée « terroriste » par les Etats-Unis, Israël et des pays européens, et survécu à deux autres tentatives d’assassinat, en 2007 et en 2014.

– Khalil al-Hayya, survivant devenu figure centrale de la résistance palestinienne –

Plusieurs membres de sa famille, dont son fils aîné, avaient été tués, et il a également perdu d’autres proches lors d’un raid israélien dans les premiers mois de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023.

Il avait été élu député en 2006, lors des dernières élections législatives palestiniennes tenues à ce jour. En 2017, il devient vice-président de la direction politique du Hamas pour la bande de Gaza avant de succéder à Yahya Sinouar, le chef local du mouvement tué par Israël en octobre 2024.

Selon un proche, membre du Hamas, Khalil al-Hayya fait preuve d' »intelligence et de sagesse » et de « calme » dans la prise de décisions, et est connu pour son tempérament à la fois « conservateur et pragmatique. »

« Il ne s’emporte pas facilement et est respecté de tous les membres du bureau politique et des commandants militaires », ajoute ce responsable.

M. al-Hayya entretient aussi des relations « privilégiées » avec le Jihad islamique palestinien et le Hezbollah libanais, et des pays arabes comme le Qatar, l’Egypte et l’Algérie, en plus de liens étroits avec l’Iran, principal soutien financier et militaire du mouvement, ajoute ce responsable sous le couvert de l’anonymat.

Le fait d’avoir perdu trois de ses enfants et plusieurs membres de sa famille « lui a valu une grande sympathie » de la part des Palestiniens, estime Yasser Abou Hein, analyste politique gazaoui, pour qui la dernière tentative d’assassinat à Doha a fait de M. al-Hayya « une icône et un symbole de la lutte palestinienne. »

– Ron Dermer –

Âgé de 54 ans et originaire de Miami Beach, Ron Dermer a été nommé en février par Benjamin Netanyahu pour diriger la délégation israélienne. Malgré son rôle central, il reste un « mystère pour l’opinion publique israélienne », selon Gayil Talshir, politologue à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Peu présent dans les médias nationaux, Dermer agit en coulisses, loin des projecteurs. En effet, son profil diplomatique tranche avec les figures militaires habituellement associées à ce type de mission. Par conséquent, sa nomination suscite autant de curiosité que de scepticisme.

La désignation de Ron Dermer n’a pas fait l’unanimité. Certains dénoncent son absence d’expérience militaire. D’autres pointent ses rares apparitions dans les médias israéliens. Sa maîtrise jugée limitée de la langue et de la culture du pays alimente les réserves.

En effet, Dermer a grandi aux États-Unis et conserve des réflexes politiques anglo-saxons. Par conséquent, sa nomination soulève des interrogations sur sa capacité à incarner une ligne israélienne pleinement assumée.

Des proches d’otages israéliens détenus à Gaza dénoncent l’inaction. Selon eux, aucun otage n’a été libéré depuis la prise de fonction de Ron Dermer. Lors d’un rassemblement à Jérusalem, l’oncle de Tal Chaimi a pris la parole au mégaphone.

« Depuis que vous êtes chargé de ramener les otages, le résultat est nul », a-t-il lancé devant le domicile du ministre. Les manifestants réclament des réponses et des résultats. Ils accusent le gouvernement d’abandon et de silence. Par conséquent, la pression monte sur Dermer, devenu la cible directe de la colère des familles.

– Ron Dermer, bras droit de Netanyahu –

Aux yeux de M. Netanyahu toutefois, M. Dermer, un ancien joueur de football américain, semble être l’homme capable d’obtenir un accord conforme à ses intérêts et aux objectifs stratégiques d’Israël.

Père de cinq enfants, Ron Dermer renonce à sa nationalité américaine après son immigration en Israël dans les années 1990. Il tisse une relation étroite avec Benjamin Netanyahu, qu’il conseille depuis 2009.

Son influence est telle que certains le surnomment le « vrai ministre des Affaires étrangères », selon la politologue Gayil Talshir. Par conséquent, Dermer incarne une diplomatie parallèle, façonnée par la loyauté personnelle et l’alignement stratégique avec les États-Unis.

Le Premier ministre confie à Ron Dermer la gestion de ce qu’il considère comme « la seule relation extérieure qui compte vraiment » : celle avec les États-Unis.

« Je pense que Netanyahu apprécie de pouvoir parler à des proches conseillers en anglais », expliquait en février Ari Harow, son ancien chef de cabinet, cité par le Jerusalem Post. Il rappelle que le Premier ministre israélien « a passé une grande partie de son enfance aux États-Unis ».

– L’homme-clé de l’axe Jérusalem–Washington –

En effet, cette proximité linguistique renforce les liens personnels et stratégiques. Par conséquent, Netanyahu privilégie des interlocuteurs familiers avec les codes américains. Cela explique en partie le rôle central de Ron Dermer dans les négociations et la diplomatie bilatérale.

La relation entre Ron Dermer et Benjamin Netanyahu remonte à plusieurs années. En 2009, Dermer devient conseiller principal après avoir œuvré à la réélection du Premier ministre.

En 2013, il est nommé ambassadeur d’Israël aux États-Unis, poste qu’il occupe jusqu’en 2021. Il joue alors un rôle clé dans le renforcement des liens entre Jérusalem et Washington.

En effet, Dermer contribue activement aux accords d’Abraham. Ces accords, signés sous le premier mandat de Donald Trump, permettent de normaliser les relations entre Israël et trois pays arabes. Par conséquent, Dermer incarne une diplomatie d’influence, centrée sur les alliances régionales et l’alignement stratégique avec les États-Unis.

En février, M. Netanyahu a nommé Ron Dermer à la tête des négociations de trêve. Il l’a préféré au chef du Mossad, David Barnea, et à Ronen Bar, directeur du Shin Bet. Ce choix marque un tournant dans la conduite des pourparlers.

– Ron Dermer, stratège de l’ombre entre loyauté politique et diplomatie sécuritaire –

En effet, Dermer incarne une ligne dure, alignée sur celle du Premier ministre. Par conséquent, les services de renseignement ont été relégués au second plan. Cette décision a suscité des tensions au sein de l’appareil sécuritaire israélien

Ce choix s’explique par les liens étroits de Ron Dermer avec l’administration Trump. Il a cultivé ces relations dès son passage à Washington et à l’ambassade israélienne. En parallèle, il reste parfaitement aligné sur la stratégie de Benjamin Netanyahu.

En effet, Dermer incarne une ligne dure sur Gaza, l’Iran et la normalisation régionale. Par conséquent, sa présence à la tête des négociations reflète une volonté d’unité tactique entre Jérusalem et Washington.

Selon Mme Talshir, Dermer et Netanyahu avaient une autre lecture des négociations. Leur objectif principal n’était pas la libération des otages. Ils visaient plutôt la préservation des intérêts stratégiques d’Israël.

En effet, ils voulaient maintenir l’occupation militaire de Gaza. Et poursuivre l’objectif d’anéantissement du Hamas. Par conséquent, les discussions s’inscrivent dans une logique sécuritaire plus que humanitaire.

M. Netanyahu a annoncé le départ prochain de Ron Dermer. Pourtant, il reste en poste pour diriger les négociations en Égypte. Ces pourparlers s’appuient sur le plan de paix proposé par Donald Trump. Objectif : obtenir la libération des otages retenus à Gaza.

En parallèle, Dermer veille à préparer la phase suivante. Celle-ci prévoit le retrait des troupes israéliennes. Selon Mme Talshir, cette étape devrait être « moins contraignante ». Par conséquent, Dermer joue un rôle clé dans la transition diplomatique.

Source : Agence France-Presse

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