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Dengue, chikungunya : l’efficacité variable de la lutte moustique contre moustique

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Trans Afrique

Pour lutter contre la dengue et le chikungunya, les lâchers de moustiques offrent une alternative aux insecticides. Cependant, leur efficacité reste variable, selon un établissement public français. Ces techniques, encore en phase d’évaluation, doivent être accompagnées d’une surveillance rigoureuse. L’agence recommande de suivre de près les effets non souhaités, comme les perturbations écologiques ou les résistances biologiques.

En France, le chikungunya a connu une flambée dans les îles de La Réunion et Mayotte, mais aussi dans l’Hexagone ces derniers mois. Pour la première fois, des lâchers de moustiques ont eu lieu en métropole. Dans ce contexte, l’Anses a mené une évaluation jugée « assez attendue », selon Johanna Fite, chargée de mission « vecteurs et lutte antivectorielle ».

Cette analyse, attendue par les acteurs du secteur, accompagne les expérimentations en cours et éclaire les enjeux sanitaires liés à cette méthode. Cette analyse, jugée nécessaire, accompagne les expérimentations en cours et les débats sur leur encadrement.

– Techniques de modification des moustiques –

Avec le réchauffement climatique, les moustiques Aedes prolifèrent bien au-delà de leurs zones endémiques. En parallèle, les maladies qu’ils transmettent aux humains gagnent du terrain. Pour répondre à cette menace, plusieurs pays ont testé, dès les années 2000, des lâchers de moustiques modifiés. Cette méthode, présentée comme une alternative aux insecticides, cible notamment le moustique tigre, vecteur du virus de la dengue, du chikungunya et du Zika.

Le principe est simple : disséminer des moustiques modifiés, élevés en laboratoire. Objectif : réduire les populations d’Aedes ou limiter leur capacité à transmettre des virus. Ces insectes, produits dans des fermes spécialisées, sont porteurs de traits biologiques qui perturbent la reproduction ou la transmission. Cette approche, déjà testée à l’international, s’inscrit dans une stratégie de lutte ciblée contre les maladies vectorielles.

Différentes méthodes existent, et l’agence sanitaire les a comparées à partir d’une soixantaine d’études scientifiques.

La technique de l’insecte stérile consiste à lâcher des mâles rendus stériles par irradiation: lorsqu’ils s’accouplent avec les femelles sauvages, ces dernières pondent des œufs non viables.

Verdict : il est « avéré » qu’elle réduit le taux d’éclosion des œufs du moustique tigre et « probable » pour celui d’Aedes aegypti.

Avec la technique de l’insecte incompatible, des mâles sont contaminés par une bactérie (Wolbachia). Si une femelle porteuse d’une souche différente – ou non porteuse – de la bactérie s’accouple avec un mâle porteur de la souche sélectionnée, les œufs ne se développeront pas.

– « Adhésion » de la population –

Selon l’Anses, cette méthode permet de réduire le taux d’éclosion des œufs et le nombre de femelles chez les trois espèces d’Aedes étudiées. Cependant, les données restent insuffisantes pour confirmer si ces techniques diminuent réellement l’incidence des maladies transmises par ces moustiques. L’agence souligne la nécessité d’approfondir les études pour évaluer leur efficacité sanitaire à long terme.

La troisième technique, dite du remplacement, repose sur le lâcher de moustiques infectés par Wolbachia. Des mâles et des femelles infectés par une souche de Wolbachia sont lâchés dans l’environnement. Cette bactérie, connue pour limiter la transmission virale, modifie la capacité des moustiques à propager certaines maladies. L’objectif, à travers ces lâchers, est de remplacer progressivement les populations locales par des insectes moins dangereux pour l’humain.

Progressivement, ils remplacent les moustiques locaux et réduisent leur capacité à propager des maladies. Cette approche, testée dans plusieurs pays, vise une transformation durable des populations vectrices. Effet « avéré » pour diminuer l’incidence de la dengue, « possible » pour réduire celle du chikungunya, conclut l’agence.

Le World Mosquito Program a développé ce procédé il y a environ quinze ans. Financé notamment par la Fondation Bill et Melinda Gates, ce programme de recherche collaborative vise à limiter la transmission des virus. Depuis, plusieurs lâchers ont été réalisés en Australie, au Brésil, en Indonésie et en Colombie. Ces expérimentations, menées à grande échelle, servent de référence pour les initiatives en cours.

S’ils semblent prometteurs, les lâchers de moustiques nécessitent « de la surveillance et de la transparence », prévient Johanna Fite. « Plein d’éléments peuvent modifier l’efficacité : le nombre de lâchers, leur fréquence… et sont à documenter », précise-t-elle.

– Lâchers de moustiques –

L’Anses alerte sur des effets non intentionnels liés aux lâchers de moustiques. Parmi eux, l’apparition de résistances chez les insectes, la perturbation des chaînes alimentaires ou encore la modification des dynamiques de transmission virale. Peu documentés, ces phénomènes doivent être examinés avec rigueur. L’agence insiste sur la nécessité d’une surveillance scientifique continue pour anticiper les risques.

« Ce genre de prestations coûte cher », souligne Mme Fite.

En France, aucune réglementation spécifique n’encadre pour l’instant les lâchers de moustiques. Ce vide juridique, souligné par l’Anses, pose des questions sur la traçabilité et la sécurité des expérimentations. Face à cette situation, l’agence recommande d’instaurer un cadre légal clair pour encadrer ces pratiques.

Face à ce vide juridique, l’Anses recommande d’attribuer un statut réglementaire aux insectes irradiés ou porteurs de Wolbachia. Elle préconise également une déclaration obligatoire des entreprises qui commercialisent ces moustiques, auprès d’une autorité compétente. Objectif : garantir la traçabilité, la sécurité sanitaire et le contrôle des pratiques.

L’adhésion de la population reste essentielle. Sans mobilisation, notamment contre les gîtes larvaires, les techniques seules ne suffiront. La scientifique avertit : si les habitants s’inquiètent ou se désengagent, la stratégie échouera. Une implication collective, durable et informée, conditionne le succès des mesures sanitaires.

Enfin, les lâchers ne suffiront pas à éliminer les nuisances liées aux moustiques Aedes. Ils ne supprimeront pas, à eux seuls, les risques de transmission de maladies. L’Anses insiste : il faut combiner ces méthodes à d’autres outils de lutte. Seules, elles ne suffisent pas à contenir les moustiques vecteurs de maladies. Une stratégie intégrée, plus large, reste indispensable pour garantir leur efficacité. Une approche intégrée, plus large, reste indispensable pour protéger efficacement les populations.

« Ce n’est pas une solution miracle », résume l’experte.

Source : Agence France-Presse

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