Au cœur de nouvelles accusations croisées Moscou Kiev, la Russie affirme que l’Ukraine a mené dans la nuit une attaque de drones contre la résidence de Vladimir Poutine. Une charge immédiate, lourde de conséquences, assortie d’un avertissement : le Kremlin menace désormais de revoir sa position dans les négociations censées ouvrir une issue au conflit.
Et soudain, la scène diplomatique se tend encore un peu plus. Ce geste, réel ou interprété, devient un symbole de la fragilité du processus de paix, où chaque incident peut faire basculer l’équilibre déjà précaire entre guerre et dialogue.
Volodymyr Zelensky a immédiatement dénoncé un « mensonge ». Selon lui, Moscou cherche ainsi à préparer de nouvelles attaques contre Kiev et à saper les efforts diplomatiques entre l’Ukraine et les États‑Unis, au lendemain de sa rencontre en Floride avec Donald Trump.
« Je n’aime pas ça. Ce n’est pas bon », a déclaré lundi Donald Trump depuis Mar‑a‑Lago, à Palm Beach. Et il a ajouté que Vladimir Poutine lui avait lui‑même évoqué l’incident. « C’est une période délicate. Ce n’est pas le bon moment », a‑t‑il insisté.
Ces accusations viennent semer le doute. Et elles fragilisent les tractations diplomatiques engagées depuis novembre pour tenter de mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
– « Troupes internationales » –
Dans la nuit, Sergueï Lavrov a accusé « le régime de Kiev » d’avoir lancé une attaque terroriste avec 91 drones contre la résidence d’État de Vladimir Poutine, dans la région de Novgorod. Et il a assuré que tous les appareils avaient été interceptés.
Il a averti que cette attaque, survenue « en pleine phase de négociations intensives entre la Russie et les États‑Unis » pour régler le conflit ukrainien, « ne restera pas sans réponse ». Et ce message laisse planer la menace d’une riposte.
Réaction presque immédiate du président ukrainien lors d’une conférence de presse en ligne. « Ils ne veulent pas mettre fin à la guerre », a‑t‑il accusé, visant la Russie. Et sa réponse souligne la méfiance persistante entre les deux camps.
Parallèlement, Vladimir Poutine et Donald Trump se sont entretenus lundi par téléphone pour faire le point sur les avancées des pourparlers, au lendemain de la rencontre entre M. Trump et Volodymyr Zelensky. Et la Maison Blanche a qualifié cet échange de « positif ».
Selon le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov, Vladimir Poutine a prévenu son homologue américain. D’abord, il a affirmé que Moscou ne maintiendrait plus sa position initiale.
Ensuite, il a précisé que « plusieurs accords conclus précédemment » seraient réexaminés. Enfin, il a lié ce revirement à ce qu’il qualifie d’« attaque terroriste » menée par Kiev. Une mise en garde sèche, qui marque un tournant dans le discours russe.
Volodymyr Zelensky et les négociateurs ukrainiens ont, de leur côté, parlé lundi par téléphone avec l’émissaire américain Steve Witkoff. Objectif : fixer les prochaines étapes des pourparlers. Une discussion brève, mais stratégique, qui vise à maintenir le rythme diplomatique malgré la pression du terrain.
– Le cœur du conflit se resserre –
Plus tôt lundi, Volodymyr Zelensky avait assuré que les États-Unis avaient proposé à l’Ukraine des garanties de sécurité « solides ». L’offre couvrirait une période de quinze ans, avec possibilité de prolongation. Un signal fort, destiné à renforcer la position de Kiev face à la Russie.
Le président ukrainien a également jugé nécessaire la présence de « troupes internationales » en Ukraine. Le Kremlin rejette cette option. Pour Volodymyr Zelensky, cette force constituerait une garantie de sécurité « réelle », capable de rassurer la population et les investisseurs face au risque d’une nouvelle agression russe. Un message clair, destiné à montrer que Kiev cherche des appuis concrets, pas seulement diplomatiques.
La nouvelle version du plan, présentée par Washington il y a près d’un mois, est jugée par Kiev et ses alliés comme trop favorable à Moscou. Elle propose de geler la ligne de front actuelle, sans apporter de réponse immédiate aux revendications territoriales de la Russie, qui contrôle aujourd’hui environ 20% du territoire ukrainien. Un statu quo sous tension, perçu comme un avantage stratégique pour le Kremlin.
Le plan renonce aussi à deux exigences majeures du Kremlin. D’abord, le retrait des forces ukrainiennes de la région de Donetsk, au cœur du bassin industriel du Donbass. Ensuite, un engagement juridiquement contraignant garantissant que l’Ukraine n’adhérera pas à l’Otan. Deux concessions que Moscou réclamait depuis le début, désormais écartées.
– Garanties de sécurité –
Volodymyr Zelensky a précisé lundi que deux questions restaient en suspens : le dossier territorial et le fonctionnement de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Ce sont les derniers points non résolus, malgré l’avancée des discussions.
Lundi, le président ukrainien a rappelé que tout plan de fin de guerre devra être signé par Kiev, Moscou, Washington et les Européens. Et, selon lui, aucune solution ne pourra tenir sans cet engagement collectif.Et il a insisté sur la nécessité d’un accord global pour qu’un cessez‑le‑feu soit crédible.
Il a également dit espérer une rencontre « dans les prochains jours », en Ukraine, entre responsables américains et européens. Et cette perspective ajoute un nouvel enjeu aux discussions en cours.
Par ailleurs, il réaffirme son soutien à un référendum en Ukraine, qu’il présente comme un « instrument puissant » capable d’amener la « nation ukrainienne » à accepter les conditions de paix proposées. Et, selon lui, c’est le moyen le plus efficace de sceller l’accord.Et, selon lui, c’est la seule voie capable de sceller l’accord. Et cette position relance un débat déjà sensible.
– Kiev doute, Moscou se tait –
À Kiev, plusieurs habitants se montrent sceptiques. Et beaucoup doutent qu’il soit possible d’assurer la sécurité future du pays. Et, plus encore, de satisfaire les exigences adressées à l’Ukraine.
Pour eux, la marge de manœuvre se réduit. Et le risque d’impasse grandit.
« On a déjà signé des garanties de sécurité, et ça ne nous a rien apporté », lâche Anastassia Pachtchenko, photographe. Et elle interroge : « Quelles garanties peuvent venir d’un État terroriste ? » Une critique frontale adressée à la Russie.
Dans les rues de Moscou, rares sont ceux qui acceptent de commenter l’avancée des négociations. Et ce silence en dit long sur la prudence qui domine dans la capitale.
« Seule la Russie peut poser des conditions », affirme Alexeï, ingénieur de 53 ans. Et il affirme, sans détour, que Vladimir Poutine n’acceptera jamais les termes fixés par les Ukrainiens, les Américains et les Européens. Selon lui, la ligne rouge est déjà tracée. Et surtout, aucun compromis n’est envisageable.
Nikita, 23 ans, ancien combattant en Ukraine, salue l’avancée russe dans l’est du pays. « La Russie est une superpuissance avec laquelle il faut encore compter », affirme‑t‑il. Et son témoignage illustre un soutien qui persiste malgré la guerre.
Source: Agence France-Presse
















